Des milliers de partisans de l'imam radical chiite Moktada Sadr ont manifesté, hier, dans leur fief de l'est de Bagdad contre le projet d'accord sur le maintien des forces américaines en Irak jusqu'en 2011. Brandissant des drapeaux irakiens, les manifestants scandaient "Oui, oui à l'Irak, non, non à l'occupation!" et ont brûlé un drapeau américain. "C'est une manifestation pacifique pour réclamer que l'occupant parte et que le gouvernement ne signe pas le pacte", a déclaré à Reuters le député sadriste Ahmed al Massoudi. "Ils ont eu la permission du Premier ministre et du ministre de l'Intérieur pour organiser une manifestation pacifique", a déclaré un responsable de la sécurité à Bagdad, Kassim Moussaoui. "Cela fait partie de la démocratie que les gens puissent protester librement, mais nous espérons qu'ils comprendront les mesures de sécurité que nous avons prises pour les protéger", a-t-il ajouté. Le gouvernement de Nouri al Maliki a annoncé mercredi que Washington et Bagdad s'étaient entendus après des mois d'âpres négociations sur un projet de pacte prévoyant la prolongation de la présence de troupes américaines en Irak jusqu'en 2011. Le document, actuellement soumis aux dirigeants politiques irakiens, vise à fournir un cadre juridique au maintien des troupes américaines au-delà de l'expiration du mandat de l'Onu dont elles bénéficient actuellement, le 31 décembre.Si l'accord n'est pas entériné par les parlements irakien et américain avant la fin de l'année, l'Irak demandera au Conseil de sécurité de l'Onu de proroger le mandat des forces américaines, a déclaré le porte-parole du gouvernement irakien, Ali al Dabbagh. Le projet prévoit que l'Irak pourra demander aux Etats-Unis de prolonger la présence de leurs troupes au-delà de 2011 et qu'il pourra juger lui-même les soldats américains coupables de crimes hors de l'exercice de leur mandat. Le refus des Etats-Unis de fixer un calendrier contraignant le retrait de leurs troupes et d'autoriser l'Irak à juger leurs soldats constituaient, depuis des mois, les deux principales pierres d'achoppement des négociations sur le statut futur des forces américaines. Sur le premier point, le projet d'accord prévoit que "le retrait sera achevé dans trois ans". "En 2011, le gouvernement alors au pouvoir déterminera s'il a besoin d'un nouveau pacte ou non, et le type de pacte dépendra des défis auxquels il sera confronté", a précisé Dabbagh à Reuters. Sur le second point, a-t-il dit, les soldats américains seront "soumis à la loi américaine à l'intérieur de leurs bases". "Le code pénal irakien sera applicable dans le cas où ces forces commettent des crimes sérieux et délibérés hors de leurs bases militaires et en dehors de leur service", a-t-il ajouté.