Le 1er festival international de la bande dessinée (BD) d'Alger (Fibda) peine à attirer l'attention du public à la veille de sa clôture, même si des enfants, par groupes, constituent à l'esplanade de Riad el-Feth, un des sites du festival, le public le plus intéressé par le monde de la BD, a-t-on constaté dimanche. Le site de projection du Musée national des Beaux-Arts, face au jardin d'Essai, prévu par les organisateurs pour abriter une partie des activités, est demeuré vide, selon le chargé de la sécurité du site qui a exprimé son "étonnement" quant à l'absence d'animation telle que prévue dans le programme du festival. Au palais de la Culture, une seule salle d'exposition était ouverte au public, tandis qu'une autre aménagée pour la circonstance n'a finalement pas ouvert ses portes, au moment où des travailleurs s'affairaient à accrocher des planches de BD pour une exposition jugée "éphémère", le festival tirant à sa fin.L'unique salle ouverte au niveau du palais de la Culture a été dédiée à une exposition intitulée "filatures et phylactères", produite par le commissariat général aux Relations internationales de la communauté de Wallonie-Bruxelles, avec la collaboration du Centre belge de la bande dessinée. Cette exposition consacrée au polar met en relief une production riche, marquée par le genre romanesque -- initié, entre autres, par Georges Simenon, Barthélemy Stanislas et André Steaman --, sous la plume et l'imagination de "bédéistes" de renom, à l'instar de Gazzoti et Tielles. La seule animation, dans le cadre de ce festival, est visible au niveau du troisième site prévu pour la manifestation, à savoir l'esplanade de l'office Riadh El Feth. Sans renvoyer aux manifestations drainant une grande foule, l'exposition variée de Riad el-Feth a suscité l'intérêt des enfants venus nombreux pour s'introduire dans l'univers fabuleux de la BD. Ahmed, élève à l'école privée Ibn Sina de Bouzaréah, s'est longuement attardé devant le stand français, où des albums sur le football sont exposés."Le football dans la rue" est l'intitulé d'une série qu'Ahmed veut acquérir, mais il trouve qu"'elle est hors de portée de sa bourse", au regard du prix affiché, soit plus de 800 DA pour un seul album. Les petites fillettes de la même école se sont ruées vers le stand, émerveillées par les récits fabuleux, rappelant l'univers de la BD "Obélix et Astérix" (700 DA) et Cendrillon.Là, aussi, le même son de cloche, l'univers magique du conte raconté par les images dessinées demeure hors de portée des maigres économies de ces écolières. Du côté de la BD algérienne, le peu qui a été exposé est, lui aussi, presque impossible à acquérir, à l'image de l'album de Mohamed Bouslah qui a adapté le polar de Yasmina Khadra "Le dingue au bistouri" à la bande dessinée, mais avec un prix de vente de 1000 DA l'album.Sofiane, un jeune graphiste féru de la bande dessinée, a souligné l'influence, entre autres, de Zid ya Bouzid et de M'kidèche sur son penchant à la BD. "J'ai relu tous les albums des années 1970 qui appartiennent à mon père", raconte Sofiane qui déplore, au passage, "l'absence de la culture" de la BD chez les jeunes algériens. En l'absence d'une production fournie dans cet art en Algérie, forcément les initiés se rabattent sur la BD produite aux Etat-Unis, a relevé ce graphiste qui n'a pas manqué de marquer son "émerveillement" devant les récits axés sur le héros "imbattable" et "mythique" vulgarisé grâce à l'industrie artistique américaine. Pour les spécialistes rencontrés sur place, "la rupture de la création dans la BD constatée depuis les années 1980, explique la désaffection du public algérien envers cet art".