Dans un contexte marqué par la chute des prix du pétrole et le risque que ça aurait sur les réserves de change des pays exportateurs d'hydrocarbures, dont l'Algérie, ainsi que l'urgence d'aller vers une vraie politique d'exportation hors hydrocarbures qui se manifeste de plus en plus, les opérateurs économiques tirent la sonnette d'alarme et demandent l'accompagnement des pouvoirs publics. Les exportations algériennes hors hydrocarbures restent très faibles, avec un montant de 1,400 milliard de dollars, d'autant que la majorité des produits exportés sont des dérivés des hydrocarbures et autres produits de récupération ; il ne resterait donc que 300 millions d'exportations réelles, selon M. Hamiani.En revanche, les importations sont en train de connaître une hausse inquiétante avec une augmentation estimée à 30%, soit 50 milliards de dollars l'année prochaine, selon M. Réda Hamiani, président du FCE. En plus de ces chiffres alarmants, un autre phénomène est en train de prendre place de plus en plus en Algérie, il s'agit de l'augmentation des entreprises d'importation. Dans ce cadre, selon le directeur du Centre national du registre du commerce (CNRC), M. Mohamed Dhif, il a été enregistré jusqu'au mois d'octobre courant, 27 000 entreprises importatrices, soit aune augmentation de 5 000 entreprises en dix mois seulement, depuis l'année de 2007 durant laquelle ces entreprises étaient au nombre de 22 000. Parmi ces entreprises, il a été enregistré 1 500 sociétés étrangères d'importation et de revente en l'Etat, durant la même période, contre 1 100 en 2007. Ce nombre important des sociétés étrangères montre à quel point ces dernières voient l'Algérie comme un marché pour leurs produits et non un marché de production ou encore d'investissement. Par contre, les services du CNRC ont enregistré 400 entreprises dans l'exportations, dont une majorité non active à l'exception de Cevital. Urgence de rediscuter l'accord d'association avec l'UE Lors d'une conférence-débat consacrée à la question des exportations en Algérie, organisée par l'Agence nationale de promotion des exportations (ALGEX) et le Forum des chefs d'entreprise (FCE), les opérateurs économiques, Issad Rebrab, président du groupe Cevital et Réda Hamiani président du FCE, ont demandé plus que jamais que l'Etat accompagne les entreprises algériennes en mesure d'exporter vers le marché extérieur. Pour le président du groupe Cevital, il est temps et urgent que l'Algérie rediscute l'accord d'association avec l'Union européenne si elle veut promouvoir ses exportations hors hydrocarbures. Car, selon lui, en 2009 l'Algérie deviendra exportatrice en sucre, avec 900 000 tonnes, en semence de pomme de terre et le marché européen sera le destinataire de ces produits. Cependant, si l'accord de libre-échange avec l'UE n'est pas rediscuté, l'Algérie risque de perdre cette chance.Dans ce sens, il a expliqué que l'actuel accord avec l'UE entré en vigueur en septembre 2005 n'est pas en faveur de l'Algérie, puisque nos entreprises ne peuvent pas exporter tous les produits vers le marché européen. A ce titre, il a relevé la question de la parité du dinar ou bien ce qu'on appelle la perte au taux de change en expliquant qu'importer les intrants et les transformer pour les exporter n'est pas encourager de la parité du dinars ( par exemple importer à 62 dinars pour un dollars et exporter à 60 ou 61 dinars pour un dollars).En outre, Rebrab a posé le problème de l'autorisation pour exporter ou accompagner les produits alors que la loi existe mais la Banque d'Algérie ne donne pas cette autorisation pour un grand nombre d'investisseurs. En outre, il a souligné que la loi a prévu 50% comme subvention à l'exportation mais ce n'est toujours pas obtenu.Pour ce qui est de l'accord d'association avec l'UE, Rebrab a souligné que les tentatives menées auprès des autorités de Bruxelles en vue d'obtenir des autorisations et des quotas pour les entreprises algériennes ont échoué, puisque Bruxelles renvoie la balle dans le camp des autorités algériennes.De son côté, M. Zaim Bensassi, président du conseil consultatif des PME est revenu sur la parité du dinar et les pertes de change en déclarant que celles-ci doivent être assumées par l'Etat. Il ajoutera que la mise à niveau des entreprises doit être sélective et viser essentiellement la filière export.En outre, il a soulevé les problèmes liés à la bureaucratie, les banques, la douane et la gestion, tout en soutenant que "l'accord avec l'Union européenne nous a pénalisés".