La tournée de Gordon Brown au Moyen Orient n'a pas été vaine, puisque bon nombre de pays du Golfe ont consenti à mettre la main à la poche et renflouer les caisses du Fonds monétaire international. C'est ainsi que l'Arabie saoudite, le Qatar et les Emirats arabes unis vont contribuer au programme d'aide du FMI aux pays affectés par la crise financière internationale. Les réserves des pays du Golfe sont estimées à plus de 2000 milliards de dollars. Au cours de sa tournée, M. Brown a rencontré le roi Abdallah d'Arabie saoudite, qui va participer au prochain sommet du G20, le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem ben Jabr Al-Thani et le prince héritier d'Abou Dhabi, cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane. Le premier ministre britannique s'est dit confiant de l'apport consistant des pays du Golfe lesquels ont amassé d'énormes revenus pétroliers. "Le Golfe est ouvert aux affaires mais il s'annonce aussi comme un partenaire pour aider le reste du monde à traverser la crise financière internationale", a-t-il déclaré. Le ministre britannique du Commerce, Lord Peter Mandelson, a pour sa part, annoncé que "les pays du Golfe) vont contribuer au fonds du FMI (...) mais qu'ils vont aussi contribuer aux prises de décisions dont nous aurons besoin pour bâtir les institutions (financières), instaurer de nouvelles pratiques et de nouvelles formes de coopération pour éviter une nouvelle crise à l'avenir." A ce titre, l'on saura que certains pays du Golfe profitent de l'opportunité pour investir et prendre des parts de marché dans les grandes entreprises internationales. L'on cite d'ores et déjà la prise de participation dans le capital de Barclays qui, en fait, n'en est que le dernier exemple. A la mi-octobre, la Qatar Holding entrait dans le capital du Crédit Suisse pour 9,9% alors que l'investisseur saoudien Olayan Group y renforçait sa participation à 7%. Le mois dernier, un fonds d'Abu Dhabi rachetait la prestigieuse équipe de football Manchester City. Le même fonds détient des participations dans Citigroup, General Electric et le Chrysler Building à New York. Selon la BBC, le fonds émirati a négocié sept transactions durant les 14 derniers mois, dont le rachat d'une filiale de British Petroleum aux Pays-Bas. La visite du premier ministre coïncide curieusement avec l'annonce de la banque britannique qui dit avoir récolté plus de 9 milliards d'euros auprès de la famille régnante d'Abu Dhabi, d'un fonds souverain du Qatar et d'un fonds privé qatari. Un sujet qui a suscité une polémique au sein de la classe politique. Le Premier ministre a également dit compter sur un rôle "central" du futur président américain dans l'effort mondial pour sortir de la crise, tout en se retenant, diplomatie oblige, de dire lequel il préfère à la Maison-Blanche, le démocrate Barack Obama ou le républicain John McCain. Le futur président américain, dont l'élection a lieu ce mardi, va, selon M. Brown, aider à relancer l'économie mondiale, vaincre le protectionnisme et accélérer la recherche d'une solution au conflit du Proche-Orient. Pendant sa tournée, M. Brown a appelé à la stabilité du marché pétrolier. Il s'était opposé à la récente réduction de 1,5 million de barils par jour de la production de l'Opep destinée, selon ses membres, dont l'Arabie saoudite, le Qatar et les Emirats arabes unis, à soutenir le prix du baril. Sur un autre plan, les pays du Golfe ne sont sans doute pas épargnés par la crise financière, puisqu'ils enregistrent des baisses de revenus suite à la chute des prix pétroliers depuis juillet. Ils ont néanmoins accumulé des réserves de 2000 milliards de dollars pendant la période faste où le baril a touché le record de 147 dollars. Pour rappel, la semaine dernière, c'est le sous-secrétaire d'Etat américain au Trésor, Robert Kummit, qui a précédé Gordon Brown dans les pays du Golfe, en quête d'investissements pour soutenir l'économie américaine touchée par une crise de crédit. "Les monarchies pétrolières cherchent activement des opportunités chez nous. Notre devoir est de veiller à ce que le climat d'investissement soit favorable", avait-t-il déclaré au Financial Times du 29 octobre. Elles ont investi 7 milliards de dollars aux Etats-Unis en 2007 et sont devenues plus prudentes pendant la crise financière. Pendant ce temps, elles ont poursuivi des acquisitions en Asie.