La destinée de l'Irak est de vivre avec l'Iran...c'est inévitable... Le conseiller national à la sécurité de l'Irak, Mouaffak al-Roubaïe, a plaidé pour un pacte de sécurité dans le Golfe, incluant l'Iran, tout en assurant les alliés de Washington dans la région que la politique étrangère de Baghdad «mettait le cap sur l'Occident». Mais M.Roubaïe a aussi critiqué l'Arabie Saoudite et l'Iran qui, selon lui, sont en train de régler leurs comptes sur le sol irakien, et a appelé à une réconciliation régionale. «Il est extrêmement important d'avoir une réconciliation régionale plutôt qu'une intense tension interconfessionnelle dans la région», a déclaré M.Roubaïe lors d'une conférence régionale sur la sécurité dans le Golfe, ce week-end à Manama. «Ce que l'Irak est en train d'envisager sérieusement, c'est d'appeler à un pacte de sécurité régionale similaire à l'ancien pacte de Baghdad (l'alliance anti-soviétique de 1954) ou celui de l'OTAN, ayant pour programme la lutte contre le terrorisme, la drogue, l'extrémisme religieux et le sectarisme», a-t-il dit. Il a assuré que la sécurité de la région était «indivisible». «Par exemple, nous ne pouvons pas assurer la stabilité de l'Irak et déstabiliser celle de l'Iran», a-t-il ajouté. Le vice-président irakien, Tarek al-Hachémi, est du même avis. Il estime que l'Iran devrait être inclus dans tout arrangement de sécurité régional. «C'est notre destinée de vivre avec l'Iran...c'est inévitable...c'est pourquoi il faudrait oeuvrer à des arrangements régionaux susceptibles de faire que l'Iran représente un bien pour la région et non une source de menace», a-t-il dit aux journalistes en marge de la conférence à laquelle l'Iran avait décidé, à la dernière minute, de ne pas assister. A l'ouverture samedi du forum, organisé par l'Institut international d'études stratégiques (IISS), le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, avait brandi la menace iranienne pour convaincre les pays du Golfe de mettre la pression sur Téhéran et se doter d'un «parapluie» antimissile. M.Roubaïe a fait savoir aux pays du Golfe, à dominante sunnite, que Baghdad comptait renforcer ses relations avec les Etats-Unis afin de dissiper leurs craintes d'une influence chiite sur le gouvernement irakien. «La relation de coopération à long terme entre l'Irak et les Etats-Unis sera d'un grand bienfait pour tous les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG, Arabie Saoudite, Koweït, Emirats arabes unis, Qatar, Bahreïn et Oman) et pour tous les pays de la région». La politique étrangère irakienne «met le cap sur l'Occident», a-t-il assuré. M.Roubaïe a par ailleurs accusé l'Arabie Saoudite et l'Iran de s'ingérer dans les affaires intérieures de l'Irak. «Certains pays de la région contribuent à l'exacerbation des tensions sectaires en Irak ou à y entraver le processus politique (...) Nous assistons à une compétition qui s'est transformée en conflit entre l'Arabie Saoudite et l'Iran sur le sol de l'Irak», a-t-il dit. Mais M.Roubaïe a souligné que le gouvernement irakien a entamé, depuis le début de l'année, un processus de rapprochement avec les pays de la région, qui «a encouragé l'Arabie Saoudite à appliquer des mesures efficaces pour limiter l'entrée de jeunes Saoudiens, les soi-disant jihadistes, en Irak». Selon lui, cette entente «a aussi encouragé Riyad à renforcer le contrôle (des transferts) de fonds aux jihadistes en Irak». Il en est de même pour l'Iran qui «a pris quelques bonnes mesures pour renforcer le contrôle des frontières, rendant difficile l'arrivée de cargaisons d'armes aux milices» chiites. La Syrie aussi a pris des mesures pour «renforcer le contrôle à l'aéroport de Damas et empêcher les terroristes étrangers de traverser la frontière pour se rendre en Irak», a-t-il dit.