Les pays arabes sont en réunion au sommet au Koweït pour discuter de Ghaza, pour parler économie, mais surtout politique et diplomatie. A l'ouverture de cette rencontre, une première annonce a été faite. Et elle est de taille : l'Arabie saoudite, par la voix du roi Abdellah, se dit prête à mettre sur la table un milliard de dollars pour la reconstruction de Ghaza. Générosité saoudienne ? Ainsi elle fait mieux que le Qatar qui a, lors du sommet extraordinaire tenu vendredi dernier à Doha, dit qu'il contribuera à hauteur de deux cent cinquante millions de dollars, soit un quart de milliards de dollars, pour financer un fonds d'aide aux Palestiniens. Et ce n'est pas fortuit, les Saoudiens veulent rectifier le tir, prendre leur revanche sur une diplomatie en marche mais qui tourne, ne serait-ce que pour un temps, à l'avantage des pays foncièrement hostiles à Israël et aux Etats-Unis. Explication : l'Arabie saoudite et l'Egypte n'ont pas encore digéré le fait que Doha ait organisé une réunion extraordinaire à laquelle a été convié le chef de l'Etat iranien. Elles y étaient obstinément hostiles. Riyad soutenait, et elle le fait encore, l'initiative égyptienne discutée par des Israéliens et des représentants de Hamas. Dans ce concert de générosités, il n'y a pas que Doha et Riyad, il est attendu que d'autres pays, à l'image de la Libye, absente du sommet de Koweït, fassent preuve de dévouement et mettent également la main à la poche. Les pays arabes se livrent ainsi une sorte de concurrence. C'est à celui qui mettra plus d'argent dans la reconstruction et le déblaiement de Ghaza. Et c'est tant mieux. Seulement, cet appui financier n'est pas dénué de calculs stratégiques : des pouvoirs arabes, en mal de popularité, s'efforcent de compenser ce qu'ils ont perdu (dommages collatéraux) au plan politique et diplomatique. En temps normal, une telle générosité n'aurait pas attiré de soupçons. La majorité des pays arabes ont de l'argent et quelques millions de dollars affectés à Ghaza ne vont pas grever leurs budgets. Ils ont perdu… deux mille cinq cents milliards de dollars, en raison de la crise financière internationale. C'est colossal, en valeur. Mais ce n'est pas pour autant que des pays rabes vont annoncer des faillites en série. Avec des fonds de pension épais et des capitaux qui sommeillent dans des banques occidentales, ils seraient en mesure de faire face à des conjonctures aussi difficiles que la crise financière, notent des spécialistes au fait de l'évolution de l'économie mondiale. Rien que dans les banques suisses, des pays arabes disposent de quelque quatre cents milliards de dollars. C'est un placement de fonds inédit en provenance du Moyen-Orient, même s'il y a aujourd'hui une nouvelle tendance dans la gestion des fonds arabes. Les capitaux arabes dans les banques occidentales commencent à baisser. Et cela a une explication. Les riches arabes veulent faire fructifier leur argent dans les pays arabes. Y. S.