Les Européens ont salué avec enthousiasme, hier, l'élection de Barack Obama, avec l'espoir qu'il permettra d'instaurer un "new deal" entre les Etats-Unis et l'Europe, aux liens distendus sous George Bush. Cinq ans après la brouille entre Paris et Washington provoquée par l'intervention américaine en Irak, le président français Nicolas Sarkozy -qui comme beaucoup d'Européens n'avait pas caché sa préférence pour le candidat démocrate- a été le premier à adresser des félicitations élogieuses au premier président noir des Etats-Unis. "Votre brillante victoire" couronne "une campagne exceptionnelle, dont le souffle et l'élévation ont prouvé au monde entier la vitalité de la démocratie américaine, en même temps qu'ils le tenaient en haleine", s'est ainsi réjoui Nicolas Sarkozy, qui préside l'Union européenne, dans un message au président élu américain. "Au moment où nous devons faire face tous ensemble à d'immenses défis, votre élection soulève en France, en Europe et au-delà dans le monde un immense espoir. Celui d'une Amérique ouverte, solidaire et forte qui montrera à nouveau la voie, avec ses partenaires, par la force de l'exemple et l'adhésion à ses principes", a ajouté M. Sarkozy, en assurant Obama du soutien de Paris. Qualifiant sa victoire d'historique, la chancelière allemande Angela Merkel a elle souligné "l'importance et la valeur de notre partenariat transatlantique", en invitant M. Obama en Allemagne. Le Premier ministre britannique Gordon Brown, dont le pays est traditionnellement en Europe le plus proche des Etats-Unis, a aussi fait valoir combien "la relation entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni est vitale pour notre prospérité et notre sécurité". Saluant la politique "stimulante" d'Obama, il lui a proposé de démontrer ensemble que les gouvernements peuvent "aider équitablement les gens à traverser ces temps difficiles pour l'économie mondiale". A 10 jours d'un sommet du G20 à Washington dont les Européens espèrent qu'il jettera les bases d'une refonte du système financier international, la crise financière -en passe de se transformer en crise économique- est le premier dossier sur lequel les Européens attendent Barack Obama, même s'il ne prendra ses fonctions qu'en janvier. "Nous devons tranformer la crise actuelle en occasion. Nous avons besoin d'un +new deal+ pour un nouveau monde. J'espère sincèrement que sous la direction du président Obama, les Etats-Unis joindront leurs forces à l'Europe pour mener à ce +new deal+", a déclaré le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Les espoirs que les Européens ont placés en Obama vont cependant bien au-delà de la crise financière et économique, comme l'a rappelé le Premier ministre néerlandais Jan Peter Balkenende, qui a aussi évoqué le changement climatique, la lutte contre le terrorisme et les droits de l'Homme. Lundi, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner avait mis la touche finale, avec ses 26 homologues de l'Union européenne, à un cahier de doléances à l'intention du futur président américain. Engagement des Etats-Unis - l'un des premiers pollueurs de la planète - face au réchauffement climatique, processus de paix au Proche-Orient, ouverture envers Téhéran pour régler le problème nucléaire iranien, moins de dureté avec Moscou: sur tous ces dossiers, les Européens espèrent qu'Obama tranchera avec son prédécesseur. Et plus généralement, qu'il jouera plus "collectif" que George Bush, souvent accusé d'"unilatéralisme". Mais ces espoirs risquent d'être déçus, selon les analystes. Ils ont prévenu que Barack Obama devrait d'abord se consacrer aux problèmes intérieurs américains et qu'il ne pourrait pas révolutionner la politique étrangère américaine.