Les marchés boursiers d'Asie-Pacifique ont été gagnés par l'optimisme avec la victoire du démocrate Barack Obama à l'élection présidentielle aux Etats-Unis. A Tokyo, l'indice Nikkei a clôturé sur une hausse de 4,46%, après avoir déjà flambé de 6,27% la veille. Au même moment (06H00 GMT), Hong Kong s'envolait de 5,65%, Singapour de 4,43%, Séoul de 2,29% et Shanghai de 3,07% alors que Sydney progressait de 2,88%. A New York, la victoire d'Obama avait déjà été intégrée par le marché. Le contrat à terme sur l'indice Dow Jones, censé préfigurer l'évolution de Wall Street, perdait 0,09% vers 05H00 GMT, celui sur le Nasdaq prenait en revanche +2,2%. Selon Kazuhiro Takahashi, analyste chez Daiwa Securities SMBC à Tokyo, "les marchés préfèrent généralement un gouvernement républicain, mais cette croyance a volé en éclats avec la crise financière". Le verdict des urnes "représente une incertitude de moins pour les marchés et ceux-ci sont portés par un vague sentiment d'espoir", a-t-il ajouté, estimant qu'avec un nouveau président "les mesures de relance prendront un tour plus concret et leur application sera facilitée". A la Bourse de New York, l'indice Dow Jones avait clôturé mardi en forte hausse de 3,28% et le Nasdaq de 3,12%. Les marchés européens avaient eux aussi terminé largement dans le vert. Sur le marché des changes, le dollar s'est légèrement apprécié face à l'euro après l'annonce de la victoire de M. Obama par les médias américains, tout en faisant du sur-place face à la devise japonaise sous la barre des 100 yens. Les analystes ne s'attendaient de toutes façons à aucune variation brusque des devises en l'absence de mouvements spéculatifs majeurs avant l'élection, contrairement à ce qui s'était produit en 2000 quand de nombreux investisseurs pariant sur une victoire de George W. Bush avaient acheté des dollars. "Les participants sur le marché ont été trop occupés avec la crise financière mondiale pour bâtir des positions en spéculant sur qui remportera l'élection", a expliqué Osamu Takashima, analyste chez Mitsubishi UFJ Trust and Banking, cité par Dow Jones Newswires. Marchés financiers et responsables politiques anticipent une baisse des taux directeurs jeudi de la Banque centrale européenne et de la Banque d'Angleterre afin de soutenir la croissance. Les banques centrales des Etats-Unis, du Japon et d'Australie ont déjà abaissé le loyer de l'argent ces derniers jours. La Commission européenne prévoit désormais une entrée en récession de la zone euro dès cette année, avec un recul du PIB sur les trois derniers trimestres, ainsi qu'une croissance quasi-nulle en 2009. L'agence de notation Fitch estime quant à elle que l'économie mondiale "entre dans une récession sévère": elle table sur une contraction forte des économies avancées, un ralentissement brutal des économies émergentes et une croissance planétaire d'à peine 1% en 2009. Aux Etats-Unis, le président de la Banque de réserve fédérale de Dallas, Richard Fisher, a plaidé en faveur d'un nouveau plan de relance budgétaire qui compléterait les efforts de la banque centrale pour aider l'économie américaine à redémarrer. Le gouvernement allemand doit adopter mercredi un ensemble de mesures de soutien à l'économie d'un coût total estimé entre 25 et 30 milliards d'euros, qui comprend notamment des déductions fiscales et un programme d'investissement dans les infrastructures routières. Réunis à Bruxelles, les 27 ministres des Finances européens se sont par ailleurs mis d'accord mardi sur les grands principes de réforme du système financier international qu'ils défendront au sommet du G20, à savoir plus de transparence et de régulation de la finance mondiale et un rôle renforcé pour le Fonds monétaire international (FMI). Ce sommet qui réunira le 15 novembre à Washington les principaux pays industrialisés et émergents, sera précédé samedi à Sao Paulo d'une réunion des grands argentiers de ces mêmes pays. En tournée dans le Golfe, le Premier ministre britannique Gordon Brown a assuré que plusieurs monarchies pétrolières étaient prêtes à apporter des contributions au FMI afin que ce dernier puisse venir en aide aux pays touchés par la crise. Continuant de voler au secours des pays en difficulté, le FMI devait examiner mercredi une demande de l'Ukraine d'un prêt de 16,5 milliards de dollars, après avoir déjà aidé l'Islande, la Hongrie, le Kirghizstan et le Malawi. Les ministres des Finances de l'UE ont approuvé mardi un prêt de 6,5 milliards d'euros à la Hongrie, dans le cadre de l'enveloppe d'aide de 20 milliards d'euros conclue avec le FMI et la Banque mondiale.