Attendu jeudi au tribunal, le ministre des Finances ne témoignera finalement pas et ne répondra pas à la convocation de la justice, à cause d'obligations liées à ses activités ministérielles. Jeudi c'était donc au tour de l'ex-ministre des Finances, M. Mohamed Terbèche de passer à la barre. Ce dernier dira qu'il a "occupé ce poste de juin 2002 à mai 2003 et c'est M. Medelci qui était ministre des finances avant son arrivé". Et d'ajouter qu'il était avant cette période ministre délégué au Budget. M. Terbèche indiquera à propos du rapport envoyé au ministère des Finances par le vice-gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Mohamed Laksaci, qui a pour rappel témoigné mercredi dernier, qu'il n'a pris connaissance de l'existence de ce document que suite à un entretien avec le chef de cabinet du chef du gouvernement. "La première fois où j'ai pris connaissance de l'existence du rapport du vice-gouverneur de la Banque d'Algérie, était au début de novembre 2002, par le biais du chef de cabinet du chef du gouvernement, qui m'avait interpellé sur les suites données à ce rapport", a indiqué M.Terbèche. L'ex-ministre des Finances a précisé, dans ce contexte, que "les traces d'acheminement du rapport vers le cabinet du ministre existent". "Ce rapport frappé par le sceau de la confidentialité a été adressé par le vice-gouverneur, Touati Ali, au secrétaire général du ministère des Finances, Lakehal Abdelkrim", a-t-il précisé, ajoutant que le ministère "avait au départ confié l'étude de ce rapport à une commission" et qu'une lettre explicative du contenu du rapport en question a été "effectivement" envoyée au chef du gouvernement. "Mais la recherche n'a mené à rien, chose qui m'a obligé de demander personnellement une copie du document du vice-gouverneur de la Banque d'Algérie". Dans le même contexte, le témoin a précisé qu'il a remis les conclusions de ce rapport au chef du gouvernement, indiquant que la partie du rapport où le ministère est interpellé "réside dans le point relatif aux infractions constatées par les inspecteurs de la Banque d'Algérie sur les transferts de devises vers l'étranger par El Khalifa Bank". Celui-ci ajoutera qu'il a "envoyé une lettre au chef du gouvernement dans laquelle on lui a expliqué la raison qui empêche le ministère des Finances de déposer une plainte contre El-Khalifa Bank". Terbèche a justifié "l'impossibilité" d'un dépôt de plainte contre El Khalifa Bank, par "l'absence des conditions réglementaires" pour une telle action, tout en reconnaissant que "c'est au ministre des Finances que revient cette prérogative". Dans le même ordre d'idées, il a indiqué au tribunal que "la recevabilité de cette plainte devait inéluctablement passer par l'établissement de procès-verbaux (PV) rédigés par des inspecteurs assermentés", soulignant que la Banque d'Algérie, durant cette période, "n'avait pas à sa disposition cet encadrement". "C'est ainsi que j'avais mis, à la disposition de la Banque d'Algérie des inspecteurs de l'Inspection générale des finances (IGF), pour pallier à cette carence", a-t-il dit, ajoutant que "c'est ainsi que la Banque d'Algérie a pu procéder à une inspection intégrale à El Khalifa Bank". L'ex-ministre des Finances a également affirmé que "cette inspection a permis au ministère de déposer 10 plaintes contre El Khalifa Bank", alors que le premier rapport de la Banque d'Algérie était "général et non signé", a-t-il ajouté. L'ex-ministre des Finances donnera des détails par la suite concernant ce rapport envoyé le 18 novembre 2001, et il soulignera qu'"il contenait 11 pages et le reste était des annexes (des explications)". Le témoin indiquera également que le DGIG de la Banque d'Algérie a effectué un contrôle intégral, et 10 irrégularités ont été constatées : sept irrégularités le 24 février 2002, deux irrégularités le 27 février 2002 et une irrégularité le 1er mars 2002. A une question de la présidente sur les raisons qui ont empêché le ministère de donner une suite au rapport, M.Terbèche a indiqué que "la réponse à cette question est du ressort du ministre des Finances, M. Mourad Medelci, qui occupait le poste au moment des faits".