Le baril a cassé jeudi la barre symbolique des 50 dollars à New York, à un niveau inconnu depuis presque deux ans. Au contraire, la précieuse matière première a démarré l'année en fanfare, franchissant le cap des 100 dollars jusqu'à friser les 150 dollars en juillet. Mais son record de 147 dollars, accueilli comme une étape vers les 200 dollars et l'avènement d'un monde où cette ressource serait rare et chère, a précisément été le coup d'envoi d'une chute vertigineuse. Depuis le mois de juillet dernier, le prix du baril de pétrole West Texas Intermediate a fondu de 66 % et ce n'est certainement pas terminé. Devant la masse d'informations quotidiennes sur la baisse de l'activité économique, les baisses de profit des entreprises, la hausse du chômage et la baisse de confiance des consommateurs ; les prévisions sur la demande de pétrole sont révisées régulièrement à la baisse. Pour les commentateurs, le pétrole à 50 dollars a été accueilli comme " un oiseau de mauvaise augure ". Il " est le reflet de l'économie mondiale qui ralentit ". Tous les jours, on voit de plus en plus d'usines qui ferment, de licenciements, de mauvaises nouvelles, a indiqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. De même que la forte croissance mondiale alimente l'envolée de la demande, la certitude de la récession conduit aujourd'hui à son effondrement. "La très forte chute des prix de façon aussi rapide, aussi brutale, est certainement un facteur négatif par rapport à une possible future crise énergétique mondiale. L'Agence centrale de l'énergie elle-même qui plaide souvent pour la baisse des prix rappelle que la chute des prix risque de mettre en danger les investissements dans la production gazière, pétrolière et énergétique", a expliqué jeudi à la Radio nationale chaîne 3, M Francis Perin Selon cet expert, les niveaux vont rester à un niveau bas tant que le monde ne sera pas sorti de la crise économique et financière actuellement. " Pour l'instant on n'a pas de visibilité lorsqu'on retrouvera un peu de visibilité et qu'on se dira on est toujours dans la crise alors là, on pourra évidemment voir un changement de situation pour les prix du pétrole en particulier et pour les prix des matières premières en général", dit-il. Jeudi, c'est la hausse des demandes d'indemnisation chômage aux Etats-Unis qui a provoqué le passage du baril sous les 50 dollars. Par ailleurs, dans un communiqué, l'Opep, estime à 700 milliards de dollars le manque à gagner de ses membres depuis le début de la crise.