L'engouement pour les matières premières a aussi largement participé à l'envolée des cours de l'or noir. Le baril à 100,09 dollars! C'est le record absolu établi par l'or noir, ce jeudi 3 janvier, à New York. Les cours du pétrole brut n'ont pas résisté à la septième baisse consécutive des stocks de brut américains. Elle est de l'ordre de 4 millions de barils. Les spécialistes avaient tablé sur une chute qui avoisinerait 2,18 millions de barils. Ce qui a poussé le baril de pétrole vers de nouveaux sommets avec pour conséquence d'accentuer le déséquilibre du schéma classique de l'offre et de la demande. Cette hypothèse est sérieusement renforcée par la rudesse annoncée de l'hiver. Une période qui nécessite une augmentation de la consommation d'énergie qui peut facilement propulser le baril de pétrole vers de nouveaux records. C'est peut-être au moment où l'on s'y attendait le moins que la barre symbolique des 100 dollars a été effleurée avant d'être dépassée. C'est que le baril de pétrole s'était montré bien capricieux, ces derniers temps. Au début du mois de décembre 2007, il avait enregistré un spectaculaire recul. 10 dollars. Des inquiétudes avaient fortement pesé sur la demande. Une récession de l'économie aux Etats-Unis d'Amérique n'était pas à exclure. Survinrent des événements géopolitiques de taille. L'assassinat de l'ex-Premier ministre du Pakistan, Benazir Bhutto. Dans un premier temps, le baril de pétrole était à un doigt des 98 dollars. Il avait clôturé à 97,92 dollars. «L'arme nucléaire, l'extrémisme islamiste, cela focalise l'attention des opérateurs de pétrole et s'ajoute à d'autres facteurs», a fait remarquer M.Francis Perrin, directeur de la rédaction de la revue Pétrole et gaz arabes. L'engouement pour les matières premières a aussi largement participé à l'envolée des cours de l'or noir. L'once d'or a pulvérisé un record historique vieux de 28 ans mercredi, et s'est hissée jeudi jusqu'à 868,89 dollars. C'était sans compter sur d'autres impondérables. Des températures glaciales sont prévues aux Etats-Unis par les services météorologiques. La consommation du fioul de chauffage risque d'être énorme. Une insuffisance de l'offre par rapport à la demande soulève de profondes inquiétudes. Mais l'événement qui a propulsé le baril de pétrole au-delà des 100 dollars provient, selon toute vraisemblance, du Nigeria. «Un environnement géopolitique turbulent et un regain de violence dans la principale ville pétrolière du Nigeria avaient fourni aux cours l'impulsion nécessaire pour briser des résistances de prix.» Selon les analystes de Barclays Capital, premier producteur de brut en Afrique et 6e exportateur mondial, le Nigeria fait face à des violences qui font craindre le pire. Douze personnes au moins ont été tuées durant les fêtes du Nouvel An. Cela s'est passé dans le centre pétrolier du pays, à Port Harcourt. Jeudi 3 janvier 2008, le baril de Light sweet crude démarre l'année en fanfare. Il a atteint en pleine séance 100,09 dollars. Les 100 dollars, tout juste effleurés la veille, peuvent tomber aux oubliettes. De nouveaux affrontements ont éclaté hier entre une tribu et les forces sudistes près d'une zone riche en pétrole, a indiqué un ex-rebelle du Sud Soudan, refroidissant l'espoir d'une fin des hostilités entre le Sud et le Nord. Plusieurs dizaines de personnes auraient été tuées depuis le début des combats entre les membres d'une tribu arabe et les ex-rebelles sudistes, il y a deux semaines, dans une région proche d'Abiye, une zone riche en pétrole et revendiquée par les deux parties. En outre, les derniers événements du Darfour risquent d'ajouter de l'«huile» au feu. Le baril de pétrole a, cependant, clôturé à 98,18 dollars après les prises de bénéfices, loin de son record du 21 novembre 2007 où il avait coté 99,29 dollars. Ce léger repli représente-t-il un coup de bluff? De toutes les façons, le marché a répondu à ce coup de semonce. Des répliques sont attendues à ce «mini séisme» du marché pétrolier.