La Libye veut ouvrir un nouveau chapitre dans ses relations avec les Etats-Unis en puisant dans un fonds gouvernemental pour investir dans des entreprises américaines et en envoyant des milliers de jeunes étudier en Amérique, a affirmé Seif al-Islam Kadhafi, le fils du dirigeant libyen Moammar Khadafi. Dans une interview réalisée vendredi par l'Associated Press, Seif al-Islam Kadhafi a aussi exposé les grandes lignes d'un projet pour faire évoluer le régime vers une démocratie constitutionnelle, dans le cadre d'un processus de modernisation du pays. Le fils de Moammar Khadafi a déclaré qu'il s'attendait à l'adoption d'une constitution d'ici septembre 2009 -le 40ème anniversaire de la révolution de 1969 qui a porté son père au pouvoir. Il a ajouté qu'il s'attendait aussi à ce que la Libye modifie son mode de gouvernement centralisé pour un modèle similaire au gouvernement fédéral américain, avec des pouvoirs locaux et régionaux forts. Seif al-Islam Kadhafi, qui est une figure clé dans la normalisation des relations entre les Etats-Unis et la Libye, a quitté la scène politique en août et effectue une visite privée aux Etats-Unis. Mais ce séjour a des connotations politiques bien définies, dont des rencontres avec la Secrétaire d'Etat Condoleeza Rice, d'autres représentants du gouvernement et des parlementaires. La visite a aussi coïncidé avec la confirmation vendredi de la nomination de Gene Cretz comme le premier ambassadeur américain en Libye depuis 36 ans. Jeudi, le Sénat a approuvé cette nomination après avoir vérifié que les familles avaient reçu la compensation financière due par la Libye pour la perte de leurs proches dans l'attentat qui a frappé un vol de la Pan Am en 1988 au-dessus de Lockerbie en Ecosse, tuant 180 Américains. Le principal message du fils de Moammar Kadhafi était de signifier que les libyens étaient un "bon peuple". "Nous allons faire des affaires. Nous allons investir. Nous avons des amis ici aux Etats-Unis et c'est un nouveau chapitre dans les relations (entre les deux pays)", a-t-il déclaré. Il a expliqué que le fonds souverain de richesse de la Libye, un fonds de presque 100 milliards de dollars possédé par le gouvernement, "veut investir (...) aux Etats-Unis" en dépit de la crise financière actuelle, sans préciser le montant des investissements éventuels. La Libye espère que les entreprises américaines dans lesquelles elles investira effectueront en retour des transferts de technologie vers le pays, "comme d'autre pays le font", a-t-il ajouté. L'autre centre d'intérêt majeur de la Libye est de promouvoir les liens en matière d'éducation avec les Etats-Unis, et le pays espère signer un accord culturel et d'enseignement avec le gouvernement américain le mois prochain, a-t-il affirmé. "Nous espérons envoyer (...) des milliers de nos étudiants (là-bas). Et nous sommes en discussion avec de nombreuses écoles et universités américaines pour venir et travailler en Libye", a-t-il poursuivi. Il y a aussi une ébauche de constitution pour le pays, a-t-il annoncé, "et le combat pour la constitution est entre les mains des Libyens, pour ratifier la constitution et avoir un gouvernement efficace avec les gens qui sont élus par les Libyens et non nommés par nous". Interrogé sur les spéculations concernant la possibilité qu'il succède à son père, le fils de Moammar Kadhafi a répondu: "vous avez la réponse -constitution, démocratie, élection, comme dans n'importe quel autre pays".