A la veille de la réunion au Caire de l'Organisation des pays producteurs et exportateurs de pétrole (Opep), les cours pétroliers se sont stabilisés à 53 dollars. Plusieurs délégués de l'organisation ont laissé entendre qu'une décision sur les niveaux de production n'interviendrait pas avant la réunion d'Oran, le 17 décembre. Aujourd'hui se tiendra au Caire, une réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Les ministres du Pétrole des 12 pays de l'Organisation étudieront la situation du marché où les prix du brut ont perdu près de 70% depuis mi-juillet. Ils oscillent autour des 50 dollars, passant même en dessous la semaine passée. Avec un prix du baril qui, depuis quelques semaines semble avoir trouvé un seuil autour de 50 dollars, les membres de l'Opep ont tout intérêt à se montrer intransigeants. De fait, ils constatent le tassement de la demande. Après le pic de juillet, à 32,5 millions de barils jour (Mbj), la production est tombée à 32 millions en octobre et l'objectif de l'Opep pour le mois de novembre n'est que de 31,1 Mbj. Ceci, alors que les cours du pétrole ont encore chuté de 20% depuis le début du mois. Les données publiées cette semaine aux Etats-Unis témoignent encore d'un recul accéléré de la demande. Aux Etats-Unis, pourtant premier consommateur d'or noir, la chute a atteint près de 13% en septembre (par rapport à septembre 2007), soit 2,6 millions de barils par jour en moins. Une donnée qui fait dire aux membres de l'Opep les plus favorables à une troisième forte réduction de la production, que l'organisation n'a jusqu'ici pas été suffisamment réactive pour éviter un gonflement des stocks, phénomène qui a toutes les chances de se traduire par une nouvelle baisse du prix du baril. Le secrétaire général de l'Opep, Abdallah El-Badri, a reconnu vendredi que le marché était "trop approvisionné". M. El-Badri a expliqué que les stocks pétroliers des pays industrialisés de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) représentent 55 jours de consommation, ce qui est trop pour l'Opep. L'Opep avait annoncé le 24 octobre une baisse de 1,5 million de barils par jour de sa production, une baisse qui a échoué jusqu'ici à enrayer la chute des prix. Si nul ne conteste la nécessité d'une baisse de la production, des doutes subsistent encore sur l'opportunité de cette annonce. Deux options : dès aujourd'hui au Caire, ou lors du sommet du 17 décembre à Oran. Cette dernière hypothèse a notamment les faveurs de l'Iran et du Qatar. M. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, par ailleurs président de l'Opep, a notamment déclaré à plusieurs reprises qu'une décision "importante" ne pourrait pas intervenir au Caire, mais à Oran en décembre. "Les données réelles sur le marché ne seront pas encore perceptibles" le 29 novembre, avait-il expliqué, affirmant qu'il faudra "attendre de voir l'impact des décisions déjà prises". L'organisation pourrait donc attendre le 17 décembre pour mettre en place une nouvelle baisse, une fois qu'elle aura évalué l'impact de la première. Il faut s'assurer que la baisse de 1,5 million de barils par jour, prévue lors du sommet de Vienne, a correctement été appliquée. Une option partagée par les ministres du Pétrole de l'Iran et du Qatar. "Ici nous allons préparer des données chiffrées et peut-être y aura-t-il une décision finale en Algérie", a déclaré hier Golam Hossein Nozari, ministre iranien du Pétrole. L'Iran est traditionnellement l'un des "durs" de l'Opep et est l'un des pays qui avait le plus poussé pour la réunion extraordinaire du Caire en marge d'une réunion de l'Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (Opaep). A la question de savoir si l'Opep devait attendre la réunion du mois prochain pour baisser éventuellement sa production, le ministre qatari de l'Energie, Abdallah Ben Hamad Al-Attiyah, a répondu "oui", à son arrivée au Caire.