Les prix du pétrole se rapprochaient dangereusement hier du seuil des 40 dollars, après avoir frôlé les 42 dollars à Londres, un nouveau plus bas depuis 4 ans, sur un marché dominé par les craintes sur la demande. Vers 8H40 GMT, le baril coté à Londres a touché un nouveau plus bas depuis janvier 2005, à 42,01 dollars. Quelques heures auparavant il était descendu jusqu'à 43,39 dollars sur le marché new-yorkais, un plus bas depuis la même échéance. Les cours ont perdu plus de 100 dollars, soit plus des deux tiers de leur valeur, depuis leurs records du 11 juillet à plus de 147 dollars. Et avec l'incessante accumulation des mauvaises nouvelles économiques, les experts craignaient d'assister au franchissement de la barre symbolique des 40 dollars le baril. Tout au long de la semaine, donc, une pluie d'annonces a confirmé la gravité de la crise économique en Europe et aux Etats-Unis, ainsi qu'un ralentissement marqué de la croissance dans les pays émergents sur lesquels le marché comptait jusqu'alors pour compenser le déclin de la demande dans les pays industrialisés. L'ensemble présage d'une contraction quasi inéluctable de la demande pétrolière en 2008 et 2009. Parmi les annonces les plus marquantes, le marché a appris lundi l'entrée officielle en récession des Etats-Unis, une baisse historique des taux d'intérêt européens, à 2,5%, assortie d'une prévision de récession pour la zone euro, de 0,5% l'an prochain. S'ajoutant à cela, le marché a été dépité par l'absence de réaction de l'Opep à la chute des prix, l'Organisation a maintenu inchangés ses quotas de production lors de sa réunion du Caire samedi dernier. La prochaine réunion de l'Opep, prévue le 17 décembre à Oran, marquera une nouvelle baisse de sa production, dont l'ampleur reste à déterminer. En effet, selon le ministre de l'Energie et des Mines et président en exercice de l'Opep, Chakib Khelil, la décision à prendre par l'Organisation pendant la réunion d'Oran dépendra de plusieurs facteurs, notamment l'offre et la demande et le respect des pays membres des quotas fixés lors de la dernière réunion de Vienne. Dans une déclaration à la Télévision algérienne, M. Khelil a indiqué, jeudi, que cette décision est également fonction du facteur psychologique prévalant sur le marché pétrolier, c'est-à-dire les prévisions des analystes du niveau de réduction de la production, ainsi que les prévisions d'une baisse de la demande, à 200 000 b/j au premier trimestre 2009, par rapport au dernier trimestre de l'exercice 2008. M. Khelil a prévu une baisse de la demande mondiale entre avril et juin 2009 à 1,5 million de b/j, autant de facteurs, selon lui, qui seront pris en considération dans la prise de décision de l'Opep. Si les prix se maintiendraient au niveau bas actuel, l'Opep prendra une décision de réduction plus importante, a-t-il dit en ajoutant toutefois qu'en cas de reprise des prix à plus de 60 dollars, il est possible que la réduction soit moins importante. Des analystes n'excluent, cependant, pas un effondrement des prix en 2009. Selon une enquête de Merrill Lynch, les cours pétroliers pourraient continuer à baisser en 2009 et toucher un point bas à 25 dollars le baril avant de repartir à la hausse au second semestre. Merrill Lynch a récemment revu à la baisse sa projection du cours moyen du baril de brut pour la ramener à 50 dollars contre 90 précédemment.