La conférence des Nations unies sur le financement du développement qui vient de se tenir à Doha (Qatar) a été une "occasion manquée" de réformer le système de la dette internationale qui aurait bénéficié de façon cruciale aux populations des pays concernés, a estimé jeudi un expert des Nations unies, Cephas Lumina. "Il ne s'agit pas d'un problème de ressources, mais de volonté politique", a déploré Cephas Lumina, expert indépendant auprès des Nations unies sur la dette extérieure et des droits de l'homme, lors d'une réunion de suivi à Genève. Ce denier, a fait remarquer que dans le contexte de la crise financière actuelle, les pays créditeurs ont trouvé des centaines de milliards de dollars pour sauver leurs banques qui avaient agi de façon "irresponsable" mais qu'ils n'ont pas pu trouver des ressources similaires pour régler la crise de la dette, qui touche les pays en développement depuis des décennies. Cephas Lumina a regretté l'absence d'une approche globale des questions de la dette extérieure et du développement. Il a aussi déploré l'absence, dans la déclaration finale de la conférence de Doha, d'engagement sur l'extension des remises de dette, sur l'établissement des liens entre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), les droits de l'homme, le commerce, la finance et la dette, sur l'élimination de conditions inappropriées associées aux prêts, et enfin sur la création d'un organe indépendant et impartial chargé de régler les questions relatives à la dette. L'expert s'est néanmoins dit encouragé par la mention d'un appel à créer "une structure intergouvernementale plus efficace pour suivre le financement du développement", sous les auspices des Nations unies. Les travaux de la conférence de l'ONU sur le financement du développement, qui ont pris fin le 2 décembre dernier à Doha, ont été l'occasion, notamment pour les délégations africaines, pour rappeler aux pays riches de tenir leurs engagements en matière d'aide au développement. Les débats entamés ont tourné sur les prix des produits alimentaires, ceux des produits pétroliers et des métaux qui fluctuent à des rythmes incontrôlés. Face au désengagement de la plupart des pays riches et la dégradation de la conjoncture économique et financière mondiale, Doha a dans un premier temps adopté un ensemble de stimulants économiques massifs, coordonnés et rapides pour "contrer" la crise financière qui menace l'économie mondiale à court terme. A moyen et long termes, "pour faire face à la crise financière mondiale, il est nécessaire d'introduire des réformes majeures au sein des institutions internationales pour garantir un système financier mondial plus stable et plus équitable, qui fournira une base pour le développement durable et juste de tous les pays", souligne la déclaration de Doha. La crise financière et ses conséquences économiques font planer, selon les chefs de délégations africaines, le spectre de la réduction considérable de l'aide publique au développement et le gel ou le ralentissement des investissements directs. Devant une telle situation, ils ont demandé que la même promptitude qui a été réservée au traitement de la crise financière internationale s'applique à la lutte contre la pauvreté, le sous-développement et à la dette qui constituent des crises permanentes et récurrentes. L'enjeu demeure donc dans la capacité de la communauté internationale à tenir ses "nombreux engagements. "L'idée qui s'est répandue sur la remise en cause du montant des aides publiques au développement, inquiète les pays concernés, déjà que cette aide est en baisse depuis deux années consécutives. Les pays donateurs pourraient être tentés de réduire leurs aides encore davantage pour faire face à leurs propres difficultés", estime-t-on.