La planète est à l'abri d'une pénurie de matières premières, notamment alimentaires. La Banque prévoit en 2009 23% de baisse sur les prix alimentaires -ce qui les laissera toutefois bien au-dessus des prix des années 90. "Malgré la baisse des prix des produits de base, le problème de l'offre et de la demande reste préoccupant sur le long terme, tout comme les conséquences de ces prix élevés sur les populations pauvres", modère toutefois la Banque mondiale. Andrew Burns, principal auteur du rapport de la banque mondiale sur les perspectives de l'économie mondiale en 2009, est en revanche beaucoup plus affirmatif à propos du risque de pénurie. "Il nous semble, dit-il que les spéculations concernant la pénurie de nourriture et d'énergie qui nous menace ne sont pas vraiment fondées et que le monde ne sera pas à court de produits de base si l'on adopte les mesures adaptées". Avec une croissance plus faible, un ralentissement de la croissance démographique, le vieillissement de la population au nord et le progrès technologique, tout est réuni affirme pourtant la BM pour éviter une pénurie alimentaire. Cependant, les politiques doivent appuyer les investissements favorisant l'augmentation de l'offre et encourager les mesures qui stimulent l'efficacité et la conservation, afin que le rapport entre l'offre et la demande de matières premières reste équilibré. Les gains d'efficacité dans le secteur des transports (y compris les voitures à hydrogène, électriques ou hybrides) seront particulièrement importants car la demande des pays en développement de nouvelles voitures et camions devrait représenter les trois quarts des besoins en énergie supplémentaires d'ici à 2030. Le changement climatique et les autres politiques environnementales peuvent également réduire la demande d'hydrocarbures et entraîner l'amélioration de la productivité du secteur agricole sur le long terme. Bien que l'augmentation de l'offre de produits alimentaires devrait augmenter au niveau mondial, il se peut que dans certains pays (notamment en Afrique) elle ne puisse pas suivre le rythme de la demande. Afin d'éviter de devenir excessivement dépendants des produits alimentaires importés, ces pays doivent développer des programmes favorisant la productivité agricole. Il s'agit par exemple de développer les réseaux routiers ruraux, d'augmenter la recherche et le développement dans le domaine agricole, et d'intensifier les efforts de mobilisation. La sensibilité croissante des prix des denrées alimentaires vis-à-vis de ceux du pétrole, résultant de l'augmentation de la production de biocarburants à partir des cultures vivrières, devrait se poursuivre à moins que des nouvelles technologies, y compris le développement de sources non-alimentaires pour la production de biocarburants et d'autres énergies alternatives, contribuent à rendre la production de biocarburants issus de l'agriculture moins rentable. "L'évolution de la situation au cours des 20 prochaines années va dépendre des mesures prises par les gouvernements pour réduire la dépendance pétrolière, promouvoir des énergies de substitution, combattre le changement climatique et stimuler la productivité agricole", poursuit ainsi Andrew Burns dont le pronostic constitue un écho au rapport annuel de la FAO publié le même jour et qui indique que près d'un milliard de personnes dans le monde sont sous-alimentées. Concernant l'Afrique, où il concède que "la demande pourrait excéder l'offre", Andrews Burns préconise ainsi un renforcement de la "productivité agricole" d'autant que celle-ci pourrait chuter de 25% d'ici à 2080 en raison du "changement climatique". Comment? Tout simplement "en améliorant les réseaux routiers dans les campagnes et en mettant l'accent sur la recherche et le développement dans le secteur agricole." C'est si simple. Il suffisait d'y penser...