Malgré la baisse record de production de 2,2 millions de barils/jour annoncée mercredi par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), les cours du pétrole continuaient à chuter hier. Vers 11h45 GMT, le contrat janvier sur le brut léger américain recule de 2,22 dollars, soit 6,13%, à 34,00 dollars le baril. Il a touché un moment 33,44 dollars, son plus bas depuis début février 2004. Le contrat WTI livraison février s'est lui stabilisé à 41,60 dollars. Le Brent livraison février progresse de 14 cents, soit 0,32%, à 43,50 dollars. "La récession mondiale continue à saper la demande" de produits pétroliers, a commenté David Evans, analyste chez BetOnMarkets, rappelant que les cours avaient déjà chuté mercredi en dessous de la barre des 40 dollars à New York, malgré la décision prise le même jour par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de baisser sa production de plus de deux millions de barils par jour. La baisse record de production de 2,2 millions de barils par jour décidée mercredi par l'Organisation n'a donc pas empêché les marchés de poursuivre leur glissade. Pourtant, cette baisse est la troisième en quatre mois, portant le volume de baisse depuis septembre à 4,2 millions de barils jour. Ce manque de réaction des marchés aux décisions de l'Opep s'explique par les chiffres sur la demande qui se dégradent à chaque fois. Cette situation reflète la détérioration continue de l'environnement économique mondial et la forte contraction de la demande mondiale de pétrole qui s'ensuit, à la fois en 2008 et 2009. Les prix du pétrole ne seront soutenus que par une mise en œuvre effective de la baisse de production, et à condition que la baisse de la demande ne s'accentue pas trop. Concernant la mise en œuvre effective de la baisse, le doute est ainsi cultiver. "L'inquiétude est que certains pays pourraient être tentés de réduire les objectifs de baisse de production, surtout s'ils comptent sur ces revenus", jugeait par exemple John Hall du cabinet éponyme. Pour certains analystes, les diminutions annoncées précédemment n'ont été appliquées par ses membres qu'à hauteur de 50% à 60%. "Nous jugeons peu probable la pleine mise en œuvre des réductions (de production)" de l'Opep, écrivent les analystes de Goldman Sachs à leurs clients. Côté demande, les chiffres, qui se succèdent, ne font que confirmer la tendance baissière de cette dernière. L'Opep estime que la demande mondiale de pétrole devrait reculer cette année et l'an prochain. Pour 2008, "la demande de pétrole a été réduite d'une estimation initiale de hausse de 1,3 million de barils par jour (mbj) à un recul de 0,1 mbj" pour s'établir à 85,83 mbj, table l'Organisation dans son rapport mensuel de décembre. Dans son estimation publiée la semaine dernière, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) avait, elle aussi, pronostiqué une baisse de la demande de pétrole en 2008, la première depuis 25 ans. L'AIE tablait sur une baisse de 0,2 million de barils par jour de la consommation cette année. Par ailleurs, l'Opep souhaite une baisse comprise entre 500.000 et 600.000 barils par jour de la production des pays non membres. Quatre pays producteurs non membres de l'Opep ont été invités à la réunion convoquée mercredi à Oran: la Syrie, Oman, l'Azerbaïdjan et surtout la Russie, au coude-à-coude avec l'Arabie Saoudite pour la place de premier producteur mondial. Le vice-Premier ministre russe, Igor Setchine, a indiqué que son pays pourrait réduire son offre de 320.000 barils par jour.