Les cours pétroliers ont accéléré leur chute hier à la mi-journée, sous les 39 dollars le baril pour le brut léger américain, sur de nouveaux signes que la crise mondiale s'approfondit et qu'elle va peser sur la demande d'or noir. Vers 11h30 GMT, le contrat février sur le brut léger américain perdait 2,16 dollars, soit 5,29%, à 38,67 dollars le baril et le Brent cédait 1,80 dollar, soit 4,05%, à 42,62 dollars. Ainsi, après avoir dépassé brièvement les 50 dollars sur fond de fortes tensions géopolitiques (crise gazière entre l'Ukraine et la Russie, offensive israélienne dans la bande de Ghaza) les cours ont fini la semaine en baisse de 16%, à 40, 83 dollars à New York. Les derniers chiffres américains de l'emploi avaient donné le ton très baissier du marché depuis vendredi. En effet, les craintes sur la demande pétrolière avaient été attisées par les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis, qui ont confirmé une forte dégradation de l'activité, avec 524.000 suppressions nettes d'emplois en décembre et un chômage à 7,2%, son plus haut niveau depuis janvier 1993. Nourrissant le pessimisme, l'OCDE a annoncé hier une baisse de 1,3 point en novembre par rapport à octobre, soit un repli de 7,3 points sur un an, de l'indicateur composite avancé de la zone. Ce chiffre annonce un "profond ralentissement" économique dans cette zone, indique l'OCDE. Goldman Sachs écrit ainsi vendredi, dans une note à ses clients, que les excédents de brut sur le marché devraient continuer à gonfler les stocks et rendre plus incertaine sa prévision d'un baril de brut WTI de 30 dollars au premier trimestre 2009. Par ailleurs, la crise gazière entre l'Ukraine et la Russie, qui avait été l'un des principaux facteurs de soutien des cours depuis dix jours, semblait proche de son dénouement. L'Ukraine, en signant lundi un accord sur la surveillance du transit de gaz sur son territoire vers l'Europe, a en théorie levé le principal obstacle à la reprise des livraisons gazières aux clients européens, tandis qu'une délégation russe devait se rendre à Bruxelles. La poursuite de l'offensive israélienne dans la bande de Ghaza ne suffisait donc plus à soutenir les prix du brut. De la même façon, les preuves, de plus en plus nombreuses, que les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) réduisent leur production pour se conformer à leurs nouveaux quotas, ne suffisent pas à contrer une tendance baissière lourde. L'Algérie a diminué sa production de pétrole de 200.000 barils/jour à partir du 1er janvier, conformément à la décision prise en décembre par l'Opep à Oran, a indiqué samedi le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil. La semaine dernière, la compagnie pétrolière nationale saoudienne avait fait savoir à ses clients asiatiques qu'elle réduirait significativement ses livraisons en février, pour respecter le quota de production de l'Arabie saoudite. L'Opep prévoit de se réunir à nouveau en mars pour faire le point sur la situation du marché et le représentant iranien à l'Opep a déclaré que l'organisation pourrait à nouveau réduire sa production si les cours reculaient davantage. Yacine B.