C'est le 31 décembre. Hâtons nous d'enterrer vite et bien cette année. Une année qui aura traîné dans son sillage et comme les précédentes, son lot de déceptions, de misères, de morts. Il n'y a pas pire façon de clore cette année, que ce qu'on vit au jour d'aujourd'hui. Les obus pleuvent sur la bande de Ghaza, un génocide à ciel ouvert. Des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants sont massacrés sans que nul ne bronche. Mais c'est à l'image des évènements qui ont ponctué l'année qui s'achève. La région du Moyen Orient est aujourd'hui un brasier. En Irak, 25 personnes étaient tuées chaque jour, selon un rapport annuel publié, dimanche par l'ONG internationale Iraq Body Count (IBC) basée en Grande Bretagne. Selon l'ONG, qui recense depuis 2003 le nombre de civils tués par les forces de la coalition, les milices et les groupes insurgés, et à partir des informations données par les médias et par les autorités, depuis le 1er janvier, il y a eu entre 8 315 et 9 028 tués. Les policiers restent toujours une cible des insurgés : 1 891 en 2006, 2 065 en 2007 et 928 en 2008. Mais les Sahwa, ces milices d'anciens insurgés sunnites, créées en septembre 2007 et reconverties dans la lutte contre Al-Qaïda, ont payé un lourd tribut : 549 ont trouvé la mort entre octobre 2007 et novembre 2008. Aussi, la violence terroriste a infecté d'autres zones pour atteindre plusieurs pays d'Asie, plus précisément dans la zone pakistano-afghane et en Inde. L'un des résultats a été une explosion du nombre d'attentats et d'opérations-suicide au Pakistan: depuis le début de 2008, 111 attentats y ont été commis, dont 56 par des kamikazes, qui ont fait 856 morts (contre 265 en 2007). L'Inde a également vu le rythme et la gravité des attaques augmenter en 2008, jusqu'à la spectaculaire opération de Bombay, qui a fait 172 morts fin novembre. En tout état de cause, dans la majorité des cas, c'est la " guerre contre le terrorisme" lancée par l'administration bush au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 qui est mise en cause. Depuis la première opération ayant ciblé l'Afghanistan, les foyers de tension se multiplient dans la région jusqu'à atteindre le chaos. L'administration Bush étant en bout de course, et les Républicains ayant été évacués, les regards se tournent aujourd'hui vers la nouvelle administration démocrate. Ce qui nous pousse à évoquer l'un des faits les plus marquants de l'année : l'élection de Barack Obama à la présidence US. A 47 ans, Obama devient le premier afro-américain à accéder à la présidence des Etats-Unis. Barack Obama et sa course victorieuse à la Maison-Blanche, ont fait l'objet de la couverture médiatique mondiale la plus importante depuis le début du siècle. Ce fût l'événement mondial par excellence. Mais l'élection d'Obama a surtout permis de nouveaux espoirs de changement, aussi bien aux Etats-Unis qu'ailleurs. Obama ne prendra ses fonctions que le 20 janvier, mais plusieurs dossiers lourds l'attendent à l'image de la crise économique mondiale, le climat, l'Irak et le Proche-Orient. La crise. Celle-ci aura fait couler beaucoup d'encre, notamment en Europe où elle est venue perturber les desseins de l'Union. Quand la France succède à la Slovénie à la présidence de l'Union européenne le 1er juillet 2008, elle a "hérité" d'une crise suscitée par le "non" irlandais en mai dernier au "Traité de Lisbonne", un "mini-traité" négocié par les Européens pour sortir de l'impasse, la construction européenne après les "non" français et néerlandais au "Traité constitutionnel" européen en 2005. Cependant, les Français n'ont peut-être pas imaginé qu'ils devraient encore gérer deux nouvelles crises, encore plus spectaculaires, et encore plus graves : la crise géorgienne et la crise financière suivie des risques de crise économique. Le 12 décembre à Bruxelles, à l'issue d'un sommet de l'UE, le président français, président en exercice du Conseil européen, Nicolas Sarkozy, a annoncé que "le processus de Lisbonne est relancé", avec l'acceptation par Dublin d'un second référendum en 2009 sur le traité de Lisbonne, en échange d'une série de concessions faites par Bruxelles. Il ne cachait évidemment pas sa satisfaction quand il a évoqué un "Conseil européen qui restera dans l'histoire de l'Europe". L'éclatement de la crise géorgienne en août restera aussi dans l'histoire de l'Europe. La réaction de la France était plutôt rapide. Le président Sarkozy a réussi à négocier un cessez-le-feu en août, puis un accord en septembre sur le retrait des troupes russes. Il a su garder l'unité européenne, au moins en apparence, pour faire face à Moscou, et a pu rouvrir plus tard un "dialogue" pour un "nouveau partenariat" entre l'Europe et la Russie. Après une courte période d'observation, un petit sourire au coin des lèvres, devant la crise des "subprimes" aux Etats-Unis, les Européens ont commencé en automne à se rendre compte de la violence de la crise financière d'origne américaine, qui finit par frapper tous les coins du monde. Le président Sarkozy a convoqué successivement un sommet G-4 (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, quatre pays européens du G-8) et un sommet de l'eurogroupe à Paris, avant un sommet extraordinaire de l'UE à Bruxelles, pour élaborer un plan d'action coordonné en Europe. L'Europe a également réussi à convaincre les Etats-Unis pour organiser un sommet du G-20 à Washington, pour discuter de la réaction à l'échelle mondiale à la crise financière.