L'année 2008 aura été particulièrement désastreuse pour les Africains tentant d'émigrer vers les autres pays à la recherche d'une vie meilleure. Tel est le constat établi par l'OIM (Organisation internationale pour les migrations), qui cite à l'appui les cas de nombreux migrants ayant péri durant leur voyage, ou de ceux qui, ayant survécus à une périlleuse traversée, sont soumis à toutes sortes d'abus dans les pays d'accueil, " les flux migratoires clandestins, notamment vers l'Europe, se sont réorientés essentiellement vers l'île italienne de Lampedusa où, cette année, on a eu à peu près 31 000 arrivées au détriment des filières migratoires clandestines notamment vers l'archipel des Canaries ", explique Jean-Philippe Chauzy, porte-parole de l'Organisation des migrations internationales. Selon M. Chauzy, on a également noté une amplification du phénomène dans la Corne de l'Afrique du fait de la situation en Somalie, qui force de nombreuses personnes à tenter de gagner le Yémen dans l'espoir d'atteindre les pays du Golfe ou ceux d'Europe. Rappelant les violences xénophobes qu'a connues l'Afrique du Sud en 2008, le porte-parole de l'Organisation internationale pour les migrations internationales a fait remarquer que : " Les flux migratoires ne sont pas uniquement des flux Sud-Nord, mais également des flux Sud-Sud ". Une fermeture par les pays développés de leurs portes à l'immigration légale ou une réduction de leur aide au développement auraient des conséquences désastreuses sur les pays du Sud, a averti Jean-Philippe Chauzy. A cet effet, l'OIM recommande que les gouvernements doivent prendre conscience du rôle positif que les migrants peuvent jouer dans la croissance et le redressement économique et ne doivent pas céder à la tentation de fermer leurs portes aux migrants en période de ralentissement économique. " Même si la crise économique n'a pas encore révélé toute son ampleur dont il nous reste encore à déterminer la portée réelle, il serait contre, productif pour les gouvernements des pays développés de fermer leurs portes aux migrants. Nombre d'entre eux sont nécessaires dans les secteurs dont les citoyens des pays industrialisés ne peuvent pas ou ne souhaitent pas occuper les emplois ", explique M. Chauzy. " La fermeture des frontières incitera sans aucun doute les migrants à recourir aux solutions proposées par les passeurs et les trafiquants que sont les voies d'entrées illégales dans les pays de destination, mettant en péril et s'exposant aux risques d'abus et d'exploitation. Point également important, une telle politique risque d'aggraver les divisions sociales et d'exacerber la xénophobie à l'égard des migrants déjà installés dans ces pays en perpétuant le mythe du migrant voleur de travail ", fait encore savoir M. Chauzy. En outre, il ne faut pas se servir de la crise économique pour exploiter les migrants du secteur informel en leur réservant des bas salaires, voire en ne les payant pas du tout, des types d'abus auxquels les migrants sans papiers, en particulier, se trouvent régulièrement exposés. Le migrant, par sa capacité constante à rapatrier des fonds joue un rôle crucial dans la lutte contre la pauvreté dans son pays d'origine au bénéfice de ces fonds, dans la mesure où les familles sont souvent dépendantes de ces entrées d'argent pour satisfaire des besoins élémentaires tels que l'alimentation, le logement, la santé et l'éducation. On constate dans le monde entier que des familles pâtissent déjà des conséquences de la baisse du rapatriement des fonds et affrontent un avenir incertain. Il ne faudrait pas que la crise économique débouche sur une crise de migrants. Si l'on garde à l'esprit le fait que les migrants font partie intégrante des solutions qui s'offrent aux pays d'origine et de destination, la sortie de cette crise pourrait avoir lieu plus tôt que prévu, déclare M. Chauzy. B. Chellali