Malgré l'optimisme du Premier ministre tchèque Mirek Topolanek, dont le pays préside l'Union européenne, sur l'espoir d'un déblocage de la situation à l'occasion de son déplacement à Kiev pour finaliser le déploiement des observateurs de transit du gaz russe ; les discussions entre Gazprom et Naftogaz peinent à sortir de la logique qui prévaut depuis le début du conflit. La compagnie publique ukrainienne Naftogaz a, en effet, annoncé vendredi que les discussions avec le monopole russe du gaz, Gazprom, n'avaient guère avancé. "Je voudrais dire qu'il n'y a pas eu d'avancées dans les discussions avec nos collègues russes", a déclaré Oleh Dubina, directeur général de Naftogaz, cité dans un communiqué où il est précisé qu'il est actuellement en Russie pour négocier avec Gazprom. La Russie a totalement interrompu cette semaine ses livraisons de gaz à l'Europe passant par l'Ukraine, arguant que Kiev lui volait son gaz au passage, provoquant de sérieuses perturbations dans des pays comme la Bulgarie, la Slovaquie ou dans les Balkans. L'Europe fait, en effet, les frais du conflit gazier entre les deux voisins. Un quart de la consommation européenne de gaz dépend de la Russie dont 80% transite par l'Ukraine. Certains pays, comme la Bulgarie ou la Serbie, sont les plus touchés par l'arrêt des livraisons. Comme première issue, et en signe de bonne foi, la Russie a accepté jeudi le déploiement d'observateurs internationaux pour surveiller les livraisons de gaz russe à l'Union européenne via l'Ukraine, ce qui ouvre la voie à une reprise des fournitures gazières vers l'Europe. Les observateurs seront appelés à vérifier le gaz effectivement pompé par la Russie vers l'Ukraine en se rendant dans des stations de pompage en Russie et en Ukraine. Les Russes ont fait de l'envoi de ces observateurs indépendants une condition préalable à la reprise des livraisons de gaz destiné à l'UE et transitant par l'Ukraine. Le "Groupe de coordination sur le gaz", regroupant des experts des 27 pays de l'UE ainsi que des représentants de l'industrie, a démarré vendredi à Bruxelles, en présence de représentants des compagnies gazières ukrainienne Naftogaz et russe Gazprom. Les pays de l'UE devaient faire le point dans l'après-midi sur l'état de leur approvisionnement en gaz. Après cet accord sur les détails de la mission des observateurs européens, la Commission européenne a réclamé la reprise "sans délai" des livraisons de gaz russe. "Il y a maintenant un accord sur les détails de la mission des observateurs", a annoncé la Commission européenne dans un communiqué, ajoutant "il est maintenant impératif que le gaz (russe) commence à partir vers l'Union européenne sans plus de délai". Cependant, la compagnie russe a accusé les autorités ukrainiennes d'empêcher la participation de ses représentants dans la mission de surveillance de transit du gaz russe par l'Ukraine. Avant cela, Naftogaz avait assuré qu'il n'était nullement opposé à la présence d'observateurs russes sur son territoire, tout en reprochant à Gazprom d'empêcher des observateurs ukrainiens de mettre pied sur le sol russe. Par ailleurs, le président russe Dmitri Medvedev a posé comme préalable à la coopération entre Gazprom et l'Ukraine sur le gaz la conclusion d'accords contraignants. "Il est évident que nous sommes intéressés à la reprise du transit dans les délais les plus brefs. Seulement, je souhaite que vous vous fondiez dans vos activités sur le préalable suivant : un document contraignant doit régir votre coopération", a insisté Dmitri Medvedev lors de sa rencontre avec le président de Gazprom Alexei Miller. C'est l'unique moyen de mettre un terme aux "vols". Malheureusement, a conclu le président russe, "nous avons perdu toute confiance en l'Ukraine". Yacine B.