L'arrêt par Moscou, la semaine dernière, des livraisons de gaz à l'Ukraine a entraîné une crise énergétique dans plusieurs pays d'Europe. Plusieurs pays d'Europe centrale et balkanique, dépourvus de réserves, ont dû faire face à de graves difficultés pour fournir de l'énergie aux habitants et à l'industrie, alors que sévissait justement une vague de froid sur le continent. Cette situation a contraint l'Union européenne à une intense activité diplomatique pour justement rétablir le transit du gaz russe vers les pays de l'Union. Ainsi, au bout de trois jours de difficiles tractations, d'abord à Bruxelles, puis à Kiev et à Moscou, le président en exercice de l'UE, le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek, a enfin réussi à convaincre les dirigeants russes et ukrainiens de signer un accord sur le transit du gaz. Après avoir obtenu samedi la signature de Moscou, Topolanek s'est rendu à Kiev afin de convaincre les dirigeants ukrainiens de signer l'accord permettant à des observateurs russes, ukrainiens et européens de contrôler la circulation du gaz. Le document, finalement signé aux premières heures de dimanche, ne concerne que le gaz russe destiné à l'Europe et transitant par l'Ukraine. Moscou et Kiev n'ont pas conclu d'accord sur les livraisons destinées à l'Ukraine, qui restent interrompues. Les équipes d'observateurs européens, russes et ukrainiens étaient en route hier matin vers les stations de contrôle du gaz où ils auront pour tâche de s'assurer qu'aucun volume n'est subtilisé pendant le transit. La Russie avait justifié la coupure totale de ses livraisons mercredi par les "vols" dont l'Ukraine se serait rendue coupable. Le document, signé par la Russie, l'Ukraine et l'UE, prévoit la création d'un "groupe d'experts comprenant 25 experts de chaque côté. Ce groupe doit effectuer le contrôle sur le principe de parité, tant sur le territoire ukrainien que russe", a indiqué la présidence ukrainienne. Selon Topolanek, la Russie commencera à livrer le gaz lorsque les observateurs se seront déployés. Une échéance confirmée par le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, qui a, toutefois, averti que "si nous constatons qu'il est à nouveau volé (le gaz), nous interromprons encore l'approvisionnement". Une fois les vannes rouvertes, le gaz russe devrait donc mettre environ trois jours pour parvenir jusqu'aux clients européens, ont averti les dirigeants de l'UE. Cependant, si l'Europe peut espérer un retour rapide à une situation normale, pour Moscou et Kiev le fond du problème reste entier. Les deux gouvernements continuent de se déchirer sur la question du tarif pour le gaz à payer en 2009 par l'Ukraine et sur le montant des arriérés de paiement de cette dernière. Les négociations entre Moscou et Kiev à ce sujet n'ont "abouti à rien en trois jours de négociations", a déploré samedi le président de la société nationale ukrainienne d'hydrocarbures Naftogaz, Oleg Doubina, de retour de Russie où il avait rencontré des responsables du géant russe Gazprom. En janvier 2006, un différend russo-ukrainien avait affecté 10% de l'approvisionnement extérieur de l'UE durant 36 heures. Cette alerte avait motivé les Européens à se doter d'une politique commune énergétique. Ce nouvel électrochoc, beaucoup plus violent, intervient précisément au moment où l'UE peaufine sa stratégie à long terme en vue d'un sommet européen fin mars. Il devrait pousser les Européens à faire preuve d'ambition malgré la crise économique. Yacine B.