Les participants aux journées nationales de pneumo-phtisiologie organisées samedi par le centre hospitalo-universitaire de Tizi-Ouzou ont recommandé la nécessité de conférer un caractère "dissuasif" à la législation nationale anti-tabac. "L'Algérie s'est dotée d'un arsenal juridique d'avant-garde en matière de lutte contre la consommation du tabac dans des lieux publics, mais l'application reste nettement insuffisante par rapport aux objectifs escomptés", a estimé le pneumologue Nafti du CHU Mustapha Pacha d'Alger, d'où la nécessité pour le législateur, a-t-il relevé, "d'introduire des dispositions de dissuasion des contrevenants à l'interdiction de fumer dans des lieux publics, comme cela se fait dans d'autres pays où les sanctions adoptées ont apporté des résultats positifs". Pour mettre en relief l'importance qu'il y a lieu d'accorder à l'application des textes de loi inhérents à ce domaine, il a rappelé que l'Algérie "est tenue par l'obligation de résultats, de par sa ratification en mars 2006 de la convention internationale de lutte anti-tabac". Argumentant en faveur de l'avènement de cette mesure "salutaire" pour la santé publique, ce professeur a indiqué que plus de 15000 fumeurs décèdent annuellement en Algérie des effets du tabac, à l'origine de 90 % des cancers bronchiques enregistrés par an à travers le pays, soit une prévalence de 3000 à 5000 cas. Ce fléau génère également, pour le même espace de temps considéré, quelque 500.000 malades broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO). "Il faut savoir que si le trésor public bénéficie d'un DA pour chaque paquet de cigarettes vendu, le traitement de chaque fumeur coûte à l'Etat 3 DA", a-t-il relevé pour souligner l'impact financier du tabagisme sur le budget de la santé publique. Au titre d'autres mesures préconisées pour rendre efficiente la prévention et la lutte contre le tabagisme, il est fait état du renforcement du contrôle aux frontières pour limiter la contrebande de cigarettes, la multiplication de manifestations de sensibilisation au niveau des établissements éducatifs, la responsabilisation des familles ainsi que la "systématisation" de la consultation des fumeurs au niveau des structures médicales. Celles-ci se doivent également de se doter d'un planning de suivi des fumeurs pour "les accompagner durant toute la période de sevrage, en ayant à l'esprit qu'il n'existe aucune autre thérapie contre ce phénomène, en dehors de celle de cesser de fumer", est-il rappelé. Il ressort des statistiques communiquées durant cette manifestation, que 45 % de la gente masculine des plus de 15 ans sont des fumeurs, dont une proportion inquiétante d'adolescents, contre 9% pour les femmes, avec les conséquences, pour celles enceintes, qu'elles font encourir pour leurs bébés exposés à des malformations, aux maladies cardio-vasculaires et à l'asthme. R.T.