Après le prestigieux Prix collectif masculin arraché lors du plus grand rendez-vous cinématographique au monde, le festival de Cannes 2006, le dernier né de Rachid Bouchareb, Indigènes poursuit sa carrière à succès. Nominé à deux reprises avec deux de ses autres films-phares, Dust of Life (Poussières de vie) et Little Sénégal, le réalisateur algérien qui vit depuis des années dans la capitale française, est en lice avec son nouveau-né, Indigènes pour un autre trophée tout aussi prestigieux, l'Oscar du film étranger 2007. L'oeuvre qui est sortie le 27 septembre dernier sera présentée à la 79e édition des Academy Awards de Hollywood. Indigènes sera en compétition avec Water de Deepa Mehta (Canada), After the Wedding de Susanne Bier (Danemark), Le Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro (Mexique) et La Vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck (Allemagne). A Los Angeles, ce film financé à 90% par la France où il a totalisé près de 3 200 000 spectateurs, représentera l'Algérie. D'ici le 25 février prochain, les membres du jury de cette compétition cinématographique rendront leur verdict concernant les œu-vres en lice pour l'Oscar du meilleur film étranger 2007. Curieux, ce même film représente la France à la 32e cérémonie des Césars, en France, dont le verdict de cette autre compétition sera donné le 24 février prochain. Avec neuf nominations, tout comme Lady Chatterley de Pascale Ferran et Ne le dis à personne de Guillaume Canet, le film de Rachid Bouchareb est l'un des trois favoris de l'édition 2007. Avec un total cumulé de 2 858 362 entrées à l'issue de la 7e semaine d'exploitation (8-14 novembre), Indigènes était toujours en tête du box-office en France, creusant l'écart avec Le diable s'habille en Prada, de David Frankel avec Meryl Streep, sorti à la même date. Indigènes, qui a bénéficié d'une promotion en grande pompe, restera dans les annales comme le film dont la sortie a contribué non seulement à donner un nouvel éclairage sur la Seconde Guerre mondiale et la libération de la France, mais aussi à faire aligner les pensions des anciens combattants des ex-colonies françaises -ils sont encore 84.000- sur celles de leurs frères d'armes de nationalité française. Ni didactique ni manichéen, ce sixième long métrage du cinéaste franco-algérien rend, à sa façon, hommage aux combattants d'Afrique qui ont participé à la libération de la France et affirme l'identité française des enfants de l'immigration. A travers l'histoire de Saïd (Jamel Debbouze), Yassir (Samy Nacéri), Messaoud (Roschdy Zem) et Abdelkader (Sami Bouajila), Rachid Bouchareb vient rappeler qu'ils furent quelque 130.000 soldats dits “ indigènes ”, dont environ 110.000 Maghrébins et 20.000 Africains, engagés dans les offensives alliées d'Italie, de Provence, des Alpes, de la vallée du Rhône, des Vosges et d'Alsace en 1944-1945. Le groupe qui compte, également, un “ pied-noir ”, le sergent-chef Martinez (Bernard Blancan), réussit à défendre un hameau alsacien pour stopper l'ultime contre-offensive d'un bataillon allemand. En compétition pour la Palme d'Or au dernier festival de Cannes, le film s'est vu récompenser du Prix d'interprétation masculine décerné au collectif d'acteurs Jamel Debbouze, Samy Naceri, Sami Bouajila, Roschdy Zem et Bernard Blancan. Longuement applaudi lors de sa projection sur la croisette, film français mais curieusement absent de la sélection française et présenté sous pavillon algérien, coproduit par le Maroc, l'Algérie et la Belgique, Indigènes a nécessité un budget de quelque quinze millions d'euros. Pour Jamel Debbouze, également co-producteur du film, faire Indigènes, “ c'est aussi expliquer aux jeunes beurs qu'ils ne sont pas nés en France par hasard ”.