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Quand le gaz du littoral de Ghaza attise les tensions L'invasion militaire dans la région est directement liée au contrôle de réserves stratégiques de gaz en mer
Il s'agit d'une guerre de conquête : on a découvert de vastes réserves de gaz au large du littoral de Ghaza en 2002. Dans un accord signé en novembre 1999, l'Autorité palestinienne a garanti des droits de prospection de gaz et de pétrole d'une durée de 25 ans à British Gas (BG Group) et son partenaire situé à Athènes Consolidated Contractors International Compagny (CCC°, une propriété des familles libanaises Sabbagh et Koury, rapporte Michel Chossudovsky, professeur en économie politique à l'université d'Ottawa. Ces droits sur les gisements de gaz en mer sont de 60 % pour British Gas, de 30 % pour Consolidated Contractors, et de 10 % pour les Fonds d'investissement palestinien. L'accord Autorité palestinienne-BG-CCC inclut l'exploitation des gisements et la construction d'un gazoduc. La licence de BG couvre toute la zone maritime située au large de Ghaza, laquelle est contiguë à plusieurs installations gazières israéliennes. Il convient de souligner que 60 % des réserves de gaz le long du littoral de Ghaza et d'Israël appartiennent à la Palestine. BG Group a foré deux puits en 2000 : Ghaza Marine-1 et Ghaza Marine 2. British Gas estime que les réserves sont de l'ordre de 1,4 billion de pieds cubes, évaluées à environ 4 milliards de dollars. Ce sont les chiffres publiés par British Gas. La dimension des réserves de gaz palestiniennes pourrait s'avérer largement supérieure. Qui possède les réserves de gaz ? La question de la souveraineté sur les gisements gaziers de Ghaza est cruciale. D'un point de vue légal, ces réserves appartiennent à la Palestine. La mort de Yasser Arafat, l'élection du gouvernement de Hamas, ainsi que la débâcle de l'Autorité palestinienne ont permis à Israël prendre de facto le contrôle de ces réserves. British Gas Group a négocié avec le gouvernement de Tel-Aviv. En revanche, le gouvernement du Hamas n'a pas été consulté en ce qui a trait à la prospection et l'exploitation des gisements gaziers. En 2006, British Gas " était sur le point de signer un accord pour acheminer le gaz en Egypte ". (Times, 28 mai 2007). Selon les reportages, le Premier ministre britannique de l'époque, Tony Blair, est intervenu pour le compte d'Israël pour faire capoter l'accord avec l'Egypte. L'année suivante, en mai 2007, le cabinet israélien a approuvé une proposition du Premier ministre Ehud Olmert, " d'acheter du gaz à l'Autorité palestinienne ". Le contrat proposé était de 4 milliards de dollars et les profits envisagés à 2 milliards de dollars, dont un milliard irait aux Palestiniens. Toutefois, Tel-Aviv n'avait aucune intention de partager ses recettes avec la Palestine. Une équipe de négociateurs israéliens a été constituée par le cabinet israélien afin d'arriver à un accord avec le BG Group en écartant à la fois le gouvernement du Hamas et l'Autorité palestinienne. Israël veut que les Palestiniens soient payés en biens et services Les autorités israéliennes ont insisté pour que le gouvernement du Hamas ne reçoit aucun argent. L'objectif était avant tout de rendre caduc le contrat signé en 1999 entre le groupe BG Group et l'Autorité palestinienne, alors sous Yasser Arafat. En vertu de l'accord proposé en 2007 avec BG, le gaz palestinien des puits marins de Ghaza devait être acheminé au port israélien d'Ashkelon par un gazoduc sous-marin, transférant ainsi à Israël le contrôle de la vente de gaz naturel. Le plan a échoué et les négociations ont été suspendues : " Le chef du Mossad, Meir Dagan, s'est opposé à la transaction pour des raisons de sécurité, craignant que les recettes engrangées ne servent à financer le terrorisme ".L'intention d'Israël était d'éviter la possibilité que des redevances soient payées aux Palestiniens. En décembre 2007, BG Group s'est retiré des négociations avec Israël, et, en janvier 2008, ils ont fermé leur bureau en Israël (site Internet BG). Le plan d'invasion à l'étude Selon des sources militaires israéliennes, le plan d'invasion de la bande de Ghaza, nommé l' " Opération Cast Lead " (Opération Plomb durci), a été mis en branle en juin 2008 : " Des sources de la Défense ont déclaré qu'il y a six mois (juin ou avant), le ministre de la Défense Ehoud Barak, a demandé aux forces israéliennes de se préparer pour cette opération, bien qu'Israël ait commencé à négocier un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (Haaretz, 27 décembre 2008). Durant ce même mois, les autorités israéliennes ont contacté British Gas afin de reprendre des négociations cruciales relativement à l'achat du gaz naturel de Ghaza : " Le directeur général du Trésor et du ministère des Infrastructures nationales Yarom Ariav et Hezi Kugler ont convenu d'informer BG qu'Israël souhaitait renouer les pourparlers. Les sources ont ajouté que BG n'a pas encore répondu officiellement à la requête d'Israël, mais que des cadres de la compagnie viendraient probablement en Israël dans quelques semaines afin de discuter avec des officiels du gouvernement ". (Globes online-Isral's Business Arena, 23 juin 2008). Chronologiquement, la décision d'accélérer les négociations avec British Gas coïncidait avec la planification de l'invasion de Ghaza en juin. Il semble qu'Israël s'empressait de conclure un accord avec BG Group avant l'invasion, dont la planification était déjà à un stade avancé. Qui plus est, ces négociations étaient menées par le gouvernement d'Ehoud Olmert, qui était au courant d'une invasion militaire planifiée. Selon toute vraisemblance, le gouvernement israélien envisageait aussi un nouvel accord politico-territorial " d'après-guerre " pour la bande de Ghaza. En fait, les négociations entre British Gas et les officiels israéliens étaient en cours en octobre 2008, soit 2 à 3 moins avant le début des bombardements le 27 décembre 2008. En novembre 2008, les ministères israéliens des Finances et des Infrastructures nationales ont sommé Israel Electric Corporation (IEC) d'entamer des négociations avec British Gas concernant l'achat de gaz naturel de ses concessions en mer de Ghaza. (Globes, 13 novembre 2008). Ghaza et la géopolitique de l'énergie L'occupation militaire de Ghaza a pour but de transférer la souveraineté des gisements gaziers à Israël, en violation du droit international. A quoi pouvons-nous nous attendre après l'invasion ?Quelle est l'intention d'Israël en ce qui concerne le gaz naturel de la Palestine ? Y aura-t-il un nouvel arrangement territorial avec le stationnement de troupes israéliennes et/ou la présence de " forces de maintien de la paix " ? Assistons-nous à la militarisation de la totalité du littoral de Ghaza, lequel est stratégique pour Israël ? Les gisements gaziers palestiniens seront-ils purement et simplement confisqués, et la souveraineté israélienne sur les zones maritimes de la bande de Ghaza sera-t-elle déclarée unilatéralement ? Si cela devrait arriver, les gisements gaziers de Ghaza seraient intégrés aux installationes adjacentes d'Israël en mer. Ces divers installations en mer sont aussi reliées au couloir de transport énergétique d'Israël, qui se prolonge du port d'Eilat, port maritime terminal du pipeline sur la Mer Rouge, au terminal du pipeline à Ashkelon, et vers Haïfa au nord. Le corridor se rattacherait éventuellement par un pipeline israélo-turc, actuellement à l'étude, au port turc de Ceyhan. Ahmed Saber