Dans un contexte marqué par la persistance de la crise économique mondiale, qui risque de durer encore cinq ans, selon les dernières déclarations faites, hier, par Barack Obama, le recours à l'intervention des Etats continue à alimenter le débat entre politiques et économistes. L'Algérie présente une exception. L'impact de la crise économique mondiale est limité, puisqu'au moment où des pays enregistrent un recul de la croissance, l'Algérie enregistre une croissance de plus de 4% grâce aux différents chantiers initiés par l'Etat. Cependant, cette situation risque de ne pas durer longtemps avec des prix du pétrole instables, d'autant que 96% des recettes de l'Algérie sont tirées des hydrocarbures. Dans cette conjoncture mondiale difficile, l'Assemblée populaire nationale, en collaboration avec le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements organisent, depuis hier, des journées d'études sur "le rôle des Etats et leur intervention dans les économies nationales", avec la présence du ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements (MIPI), Abdelhamid Temmar, qui a souligné qu'il va élaborer un rapport pour le président de la République portant sur la question. Les partenaires sociaux et économiques étaient également présents, d'autant que la question du risque d'une crise sociale est très présente dans plusieurs pays où la crise économique mondiale a augmenté le chômage à cause de la fermeture de plusieurs entreprises. Une cinquantaine de chercheurs, économistes et experts algériens et étrangers participent, également, à cette rencontre, dont certains ont exposé l'expérience de plusieurs pays, notamment les Etats-Unis. Toutefois, l'Algérie étant un pays émergent et ne possédant pas les moyens et les mécanismes utilisés par les USA, ne peut tirer profit de cette expérience, d'autant que les données socioéconomiques et politiques sont différentes. Dans ce cadre, le professeur Ahmed Silem de l'université de Lyon III, en France, qui est revenu sur "la crise de l'économie réelle" n'a pas hésité à dire "oui" pour la révision de la politique économique algérienne, mais il faut, selon lui, consolider ce qu'"on a de positif", profiter de cette crise pour diversifier l'économie nationale et développer les secteurs hors hydrocarbures. Selon cet expert, la déconnexion du système financier algérien du système financier mondial a permis à l'Algérie d'être à l'abri de la crise financière. Et d'ajouter que l'Algérie est une exception, puisque sa croissance sera de 4,5% en 2009. Cependant, cette exception ne durera pas longtemps avec une économie dépendante des hydrocarbures. Selon Farid Yaisi, doyen de la faculté des sciences économiques de Béjaia, en cas de baisse du prix du pétrole et en l'absence d'un excédent budgétaire pour contrecarrer cette baisse, il y aura une dégradation des réserves de change, une chute des IDE et de l'emploi. De son coté, le professeur Reda Gouia, de la faculté des sciences économiques et de gestion de Tunis, a évoqué les conséquences de la crise économique mondiale sur les pays en développement en fonction de l'intégration de leurs marchés au niveau mondial. A ce titre, il a mis en avant plusieurs conséquences, notamment le ralentissement de l'économie, la baisse de la croissance, la baisse des exportations, d'autant que l'Opep attend une baisse dans la demande internationale en hydrocarbures, la fermeture d'entreprises, ce qui signifie le renvoi des travailleurs, la chute de l'activité touristique notamment au Maroc et en Tunisie et enfin la chute des IDE. Pour certains intervenants, ce que peut faire l'Algérie c'est de restructurer son économie et l'appareil politique, tout en affirmant qu'il faut adopter une politique sectorielle et structurelle et que la politique Keynésienne n'est pas suffisante. Le président du FCE, M. Réda Hamiani, qui est contre le retour de l'Etat dans l'économie nationale, a évoqué "la politique de deux poids et deux mesures du FMI et de la Banque mondiale, lesquels jouent, selon lui, le rôle de gendarme à l'égard des petits pays". D'autres part, des intervenants se sont interrogé sur la rencontre du G20 prévue pour avril prochain. Selon M. Yaici, il sera question, notamment, de la révision des normes comptables, fiscaux, des salaires des P-DG des banques privées (il sera demandé un code de déontologie) et enfin de la réforme des institutions financières mondiales et en particulier les diversifier afin que les pays émergents puissent en tirer profit. A ce titre, il a indiqué qu'il y a un consensus pour aller vers la réforme de ces institutions. Nacera C.