La filière céréalière a décidé de prendre son sort en main. Il y va de la sécurité alimentaire du pays. Mais son Développement demande des moyens et une grande mobilisation de ressources. Le ministère de l'Agriculture et du développement rural en est conscient et il se dit prêt pour tout. Le département de Rachid Benaissa a déjà entamé le travail. Il a mis en place tout un plan d'action pour intensifier la production céréalière sur les trois années à venir. Plus concrètement, ce plan d'action vise à intensifier la production et intégrer la filière. L'objectif de cette démarche étant d'arriver à diminuer un tant soit peu la dépendance de l'Algérie des importations. "Nous devons prendre toutes les dispositions nécessaires pour que la filière se développe", a indiqué, hier à l'APS, Amar Assabah directeur de la régulation et du développement des produits agricoles au ministère de l'Agriculture. Amar Assabah a souligné qu'il s'agit d'une branche pour laquelle les pouvoirs publics accordent "un intérêt particulier" tant elle concerne l'un des produits classés de première nécessité. La filière doit aussi être développée pour éviter les retombées négatives de l'évolution erratique des prix des céréales sur le marché international, a indiqué M. Assabah, soulignant que ce plan vise à assurer la sécurité alimentaire du pays et réduire sa dépendance des importations. "La crise alimentaire internationale vécue par l'Algérie en 2008 est toujours là, même s'il y a actuellement une légère baisse des prix des céréales sur le marché international", a-t-il dit. Parmi les mesures prises dans ce sens, la sécurisation de la production céréalière par l'irrigation d'appoint avec un objectif d'arriver à irriguer 350 000 ha dans les trois prochaines années contre 30 000 ha actuellement. Le plan d'action prévoit aussi le renforcement des travaux de mécanisation, a-t-il explique, en ajoutant que "cela nécessite que les exploitations se dotent d'un matériel agricole adéquat". Il s'agit également "d'augmenter en quantité et en qualité la production de semences", à travers, notamment, "un élargissement de la gamme variétale afin de diminuer le taux de refus" des agriculteurs pour certaines variétés proposées jusqu'à maintenant, a ajouté le même responsable. En outre, les pouvoirs publics vont même assurer un accompagnement financier pour les agriculteurs, et ce, dans le cadre du programme leasing que gère la Banque du développement agricole et rural (BADR), a-t-il fait savoir. Pour améliorer la production céréalière, l'Etat a mis en place, dans le cadre de la politique du renouveau de l'économie agricole, une batterie de mesures, dont notamment le crédit dit "R'fig" (accompagnateur) au bénéfice des céréaliculteurs. Ces derniers peuvent accéder à ce crédit sans intérêts, soit directement auprès de la banque BADR et la Banque nationale d'Algérie (BNA), soit par le biais de leurs coopératives ou groupements. De même, les Coopératives des céréales et légumes secs (CCLS) peuvent accorder ce crédit pour le compte de leurs coopérateurs aux fins d'acquisition des intrants moyennant un engagement du coopérateur à livrer sa production en fin de saison à la coopérative. M. Assabah a relevé, toutefois, que la céréaliculture en Algérie est largement dépendante de la pluie, un facteur qui n'est pas encore maîtrisé. Pour la campagne 2008-2009, les conditions climatiques actuelles permettraient d'atteindre un niveau de 3 millions ha emblavés, et "c'est notre objectif", indique ce responsable du ministère. La production céréalière de l'Algérie a été marquée, en 2008, par une baisse vertigineuse à 21 millions de quintaux lors de campagne 2007-2008 contre 41 millions de quintaux en 2006-2007. Ce recul de l'ordre de 50%, dû essentiellement à la sécheresse, notamment à l'ouest du pays, avait fortement gonflé la facture d'importation des céréales de l'Algérie de quelque 600 millions de dollars. Pour la campagne 2008- 2009, M . Assabah estime qu'il faut "attendre les phases critiques du printemps" pour se prononcer sur les prévisions de la production, étant donné la dépendance de cette culture du niveau de la pluviométrie. Notons, enfin, que pas loin que la semaine dernière , un responsable au ministère des Ressources en eau avait indiqué que le secteur va pomper plus d'eau pour l'agriculture en 2009, notamment pour les grands périmètres irrigués à l'ouest du pays. Une information qui ne peut que réjouir les agriculteurs et l'ensemble des acteurs des filières agricoles. Dalila B.