La Turquie pourrait revoir sa position sur le projet de gazoduc Nabucco, qui doit permettre l'approvisionnement en gaz de l'Europe en évitant la Russie, en cas de blocage de ses négociations d'adhésion à l'UE, a menacé, hier, son Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan. "Si nous sommes confrontés à une situation dans laquelle le chapitre sur l'énergie est bloqué alors nous réexaminerons notre position" sur Nabucco, a dit M. Erdogan, lors d'une conférence organisée à Bruxelles par l'institut European Policy Center. "Nous devons parler ouvertement des faits, le Sud de Chypre (République de Chypre, ndlr) fait pression afin que certains chapitres ne soient pas ouverts, comme celui sur l'énergie", a-t-il dit. En effet, la Turquie n'a ouvert à ce jour que 10 des 35 chapitres thématiques qui jalonnent les négociations, et parmi les chapitres non encore ouverts figure celui portant sur les questions énergétiques, en raison de fortes réserves des Chypriotes grecs, entrés eux dans l'UE en 2004. M. Erdogan a donc lié ce chapitre à l'avenir d'un projet clé pour l'Europe, la construction du gazoduc Nabucco. Le projet Nabucco, un gazoduc de 3.300 km, doit contribuer à l'approvisionnement vers l'Europe de gaz issu de la Caspienne, voire du Moyen-Orient, en évitant le territoire russe. Il doit passer par la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, pour aboutir en Autriche. Cette menace tombe mal pour l'Europe. Le projet Nabucco a en effet repris de l'importance depuis la dernière interruption des livraisons de gaz russe à l'Europe via l'Ukraine, qui a mis en lumière l'extrême dépendance de l'UE à l'égard du gaz russe. Toutefois, nombre d'experts énergétiques s'interrogent sur la viabilité de ce projet, car l'approvisionnement en gaz de Nabucco est loin d'être assuré. "Il faut 30 milliards de mètres cubes de gaz naturel dans le projet Nabucco, mais ils ne sont pas disponibles", a également admis M. Erdogan. Y. B