En dépit d'une situation économique qui ne cesse d'empirer un peu partout dans le monde, et de ses conséquences inévitables pour la demande de brut, le baril de pétrole était en légère hausse hier. Vers 11H30 GMT le Brent de la mer du Nord pour livraison en mars gagnait 89 cents à 46,29 dollars le baril par rapport au cours de clôture de jeudi sur l'InterContinental Exchange de Londres. A la même heure, le baril de "light sweet crude" pour la même échéance grimpait de 38 cents à 41,82 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Coincés dans une marge étroite, entre les efforts de l'Opep pour soutenir les prix d'une part et le pessimisme économique d'autre part, les prix du brut continuent de jouer au yo-yo dans une fourchette très réduite. Vendredi, des coups très durs ont notamment été portés au Japon: la production industrielle s'y est effondrée de 9,6% en décembre sur un mois, un nouveau record historique, le taux de chômage a bondi d'un demi-point de pourcentage à 4,4%, la consommation des ménages a accéléré sa dégringolade entamée il y a dix mois (-4,6%) et le retour à la déflation se confirme dans la deuxième économie mondiale. En zone euro, le taux de chômage est monté à 8% en décembre, son plus haut niveau depuis plus deux ans du fait de la récession. Par ailleurs, la nouvelle prévision de croissance mondiale du Fonds monétaire internationale, à 0,5%, implique que l'Agence internationale de l'énergie va abaisser ses prévisions de demande le 11 février, dans son prochain rapport mensuel. "Elle pourrait peut-être réduire de 700.000 barils par jour ses prévisions de demande, ce qui correspondrait plus au déclin de 1,3 mbj en 2009 que nous prévoyons pour notre part", a ainsi souligné Adam Simienski, analyste de Deutsche Bank. Cependant, ces nouvelles statistiques inquiétantes sur la situation économique sont contrebalancées par la perspective de nouvelles réductions de production de la part de l'Opep et d'une grève dans le raffinage aux Etats-Unis. Le marché semble donc sensible au fait que le Qatar compte réduire un peu plus sa production en mars et à la possibilité d'une grève dans le secteur du raffinage aux Etats-Unis, susceptible de fermer plus de la moitié des installations. Les prix se raffermissent ainsi à la faveur de déclarations de responsables de l'Opep, réitérant leur volonté de rétablir l'équilibre sur le marché pétrolier et de ramener les prix vers les 75 dollars, le niveau visé par l'ensemble du groupe. Le Koweït, membre de l'Opep, a par exemple annoncé mardi qu'une nouvelle réduction de la production du brut pourrait être examinée dans le contexte de la crise économique mondiale lors de la prochaine réunion de l'Organisation. La veille, le président vénézuélien M. Hugo Chavez avait affirmé que l'Opep "est disposée à de nouvelles réductions de production", si nécessaire, citant le chiffre de 4 mbj. Le secrétaire général de l'Opep, M. Abdallah Al Badri, présent à Davos pour le Forum économique mondial, a déclaré que l'Organisation n'hésiterait pas à baisser de nouveau sa production en 2009 si les prix du pétrole restaient bas. L'organisation a déjà décidé en 2008 de réduire de 4,2 millions de barils par jour sa production. Une partie de ces réductions doit entrer en vigueur mi-février. M. Al-Badri s'est dit confiant que les réductions annoncées seront appliquées par les pays membres. "Selon les informations dont je dispose, je pense ce sera (appliqué à) 100%", a-t-il ajouté devant le Forum économique de Davos. La situation du marché sera examinée de nouveau lors de la réunion de l'Opep le 15 mars, a-t-il conclu. Une réunion qui risque d'être avancée si le baril passait en dessous des 40 dollars, avait annoncé il y a quelques jours le président de l'Organisation l'angolais Jose Botelho de Vasconcelos. Y B.