L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a opté jeudi dernier, lors de sa réunion à Vienne, pour le maintien de ses quotas de production, pour éviter de fragiliser la reprise de l'économie mondiale. L'annonce d'une réduction de la production de l'OPEP, qui fournit 40 % de l'or noir mondial, aurait pu entraîner une flambée des cours du brut pouvant torpiller l'économie mondiale dans un contexte de récession. "Le marché est sur-approvisionné, c'est vrai, mais nous voyons une lumière au bout du tunnel. Il y a, lentement, une petite reprise" économique, a constaté devant la presse le secrétaire général de l'Opep, Abdallah El-Badri, résumant le sentiment de l'ensemble des 12 membres du cartel. De fait, la publication après la réunion des stocks de pétrole aux Etats-Unis a confirmé l'optimisme des douze pays membres de l'organisation. Selon les chiffres publiés par le département américain à l'Energie (DoE), les stocks de brut ont chuté la semaine dernière aux Etats-Unis de façon bien plus importante qu'attendu, une annonce qui a fait bondir le baril jusqu'à 65,70 dollars à New York vendredi matin, son plus haut niveau en plus de six mois. "Les membres de l'Opep croient tous que le pire de la crise est passé et que la reprise économique est amorcée. Ils pensent aussi que l'on peut envisager des prix du brut plus élevés sans menacer l'économie", explique dans une note David Kirsch, analyste chez PFC Energy. "Cet optimiste provient largement de la remontée des prix du brut. Le cartel pense clairement que cette hausse sera durable, en dépit des fondamentaux du marché qui restent faibles", souligne-t-il. "La situation à court terme est assez peu encourageante, avec un niveau des stocks pétroliers énorme", soulignent toutefois les analystes de JBC Energy. Dans son rapport mensuel de mai, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a d'ailleurs prévenu que la hausse récente des cours ne doit rien à une amélioration de la demande d'énergie, jugeant que celle-ci "reste hors d'atteinte pour le moment". Julian Jessop, économiste chez Capital Economics, souligne également qu'"il y a un risque que la reprise économique mondiale et la demande de brut ne s'avèrent plus faibles que l'espère l'Opep". Pour cet analyste, l'objectif affiché du cartel de parvenir à un baril à 75 dollars pour permettre la poursuite des investissements dans l'exploration et la production est également à relativiser. "Il y a six ans, l'Opep jugeait qu'un baril compris entre 22 et 28 dollars était défendable économiquement", rappelle-t-il. Notons que le cartel se réunira à nouveau le 9 septembre à Vienne pour examiner la situation du marché et, en particulier, le niveau des stocks dans les pays de l'OCDE, qu'ils jugent actuellement trop élevés. En attendant, les cours du brut se consolident. Hier, les prix du pétrole s'échangeaient à leur plus haut niveau depuis six mois sur les marchés européens et à New York. Vers 10H00 GMT (12H00 à Paris), le Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet prenait 71 cents par rapport à la clôture de la veille à 65,10 dollars le baril. A New York, le baril de "light sweet crude" pour la même échéance gagnait 80 cents à 65,88 dollars. Dans la matinée, les cours du brut ont repassé les seuils de 66 dollars à New York et 65 dollars à Londres, plus franchis depuis début novembre. Ils ont grimpé jusqu'à 66,01 dollars et 65,19 dollars respectivement. "L'avancée des prix du pétrole a continué, et l'objectif d'atteindre 75 dollars le baril d'ici la fin de l'année, que s'est assigné il y a longtemps l'Arabie saoudite, semble bien plus réaliste", a commenté Peter Hutton, analyste chez NCB Oils, d'autant que "les stocks pétroliers semblent confirmer leur changement de direction". Isma B.