Pour saisir la portée des énergies renouvelables en Algérie et les enjeux qu'elles sous-entendent, il convient tout d'abord de rappeler les ressources existantes de ces énergies, à savoir le gisement solaire important qui couvre une superficie de plus de 2 millions de km/2, avec plus de 3 000 heures d'ensoleillement par an et l'existence d'un potentiel énergétique appréciable éolien et géothermique. Ces énergies sont propres, renouvelables. Elles s'utilisent là où elles se trouvent et leur caractère décentralisé convient bien à l'état éparpillé des zones à faible densité de population. En conséquence, elles peuvent contribuer à la protection de l'environnement et être considérées comme une alternative d'avenir aux énergies conventionnelles particulièrement dans le monde rural qui constitue un marché potentiel à cause du coût prohibitif de l'acheminement par câble de l'électricité. Ces énergies sont donc pour l'avenir du monde rural et contre son isolement, pour la santé et l'alimentation en eau, contre l'exode rural, pour le développement du pastoralisme, contre la déforestation et pour les télécommunications. Ce qui induit la stabilisation des populations sur les lieux d'origine avec des perspectives prometteuses quant à leurs conditions de vie. Sur le plan économique, le rôle dévolu au gaz naturel et au pétrole dans les finances extérieures de l'Algérie amène aujourd'hui les planificateurs à s'inscrire dans la préservation au maximum des ressources classiques par le développement et l'exploitation de tout le potentiel des énergies renouvelables. L'électricité est toujours à domination fossile (pétrole, gaz, charbon) pour plus de 65 % en moyenne mondiale. Le gaz naturel va de plus en plus contribuer à la génération électrique en raison de sa qualité d'énergie propre et relativement de sa plus grande disponibilité que le pétrole. En Algérie, la production d'électricité est essentiellement alimentée par du gaz naturel. Il est vrai que l'Algérie ne manquera pas de sitôt de ces énergies fossiles mais il est remarqué la prise de conscience des pouvoirs publics à s'habituer à l'idée que l'ère de l'abondance et de l'énergie bon marché prendra fin progressivement. Leur substitution par d'autres sources est envisagée à moyen et long terme. Pour le gouvernement, les énergies renouvelables, inépuisables, et propres de surcroît, s'imposent dans ces conditions comme une priorité. En effet, les autorités reconnaissent les retombées bénéfiques de ces énergies dans le développement économique du pays. Chacune des filières d'énergies renouvelables a été examinée, en tenant compte de son potentiel de développement, au regard de la nature des besoins du pays à satisfaire et de la dotation en ressources (hydrocarbures, ensoleillement, énergie éolienne). Avec un potentiel de réserves en hydrocarbures parmi les plus importants du pourtour méditerranéen, l'Algérie n'a pas de souci à se faire. D'autant plus que son exposition, aux portes du Sahara, à un soleil régulier et puissant lui confère, à l'heure où les technologies de production photovoltaïque progressent à grand pas, d'indéniables avantages énergétiques. C'est dans ce contexte qu'a été lancée la réalisation d'une centrale hybride, qui sera en production au cours de l'année 2009, utilisant le gaz de Hassi R'mel (le plus gros gisement de l'Algérie), et aussi l'énergie solaire qui permettra tout de même d'économiser 38 000 m3 du précieux gaz tous les ans. Ce type de projet est le premier au monde à associer gaz et énergie solaire. A l'horizon 2015, l'Algérie ambitionne de porter à 6 % la part des énergies renouvelables dans le bilan de la production électrique. En matière de réduction de gaz à effet de serre, l'Union européenne a souscrit à des engagements ambitieux, en privilégiant, notamment, la consommation d'électricité d'origine renouvelable. L'exportation par l'Algérie de son électricité renouvelable pourrait, dans une certaine mesure, contribuer à l'atteinte de ces objectifs dans des conditions économiques viables. Pour parvenir à cette fin, le souhait des autorités algériennes est de pouvoir atteindre le consommateur final européen grâce à la dérégulation du marché électrique. C'est un objectif de coopération réaliste que l'Algérie souhaite développer en profitant de la pose de deux câbles électriques qui vont longer les deux gazoducs à liaison directe, vers l'Espagne et vers l'Italie. L'investissement dans ce domaine est totalement libéralisé conformément à la loi sur l'électricité, et les opérations de partenariat sont aussi multiples que variées dans ce secteur. A ce titre, l'Algérie a présenté à l'Union européenne un nombre total de 84 projets en 2008. 11 ont été retenus pour être financés dans le cadre des programmes de coopération euro-méditerranéenne destinés à encourager la recherche. Le montant global de ces projets dans le domaine des énergies renouvelables, qui englobent notamment des projets liés au développement des énergies solaires, est de 533 000 euros. Ahmed Saber