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"La crise mondiale est structurelle et non conjoncturelle et ira au-delà de 2012/2013" Abderrahmane Mebtoul dans une lettre ouverte au ministre des Finances
Dans une interview en date du 29 janvier 2009, le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, a déclaré que "l'Algérie n'est pas concernée par la crise qui est passagère" et que la reprise de la croissance de l'économie mondiale et, par là, du cours du pétrole se feront dès le premier trimestre de l'année 2010. Or que certains experts en la matière ne voient pas de sortie de crise avec une telle rapidité. Ils estiment qu'elle peut s'étaler jusqu'au delà de 2012/2013. Pis encore, l'impact de la crise actuelle sur l'économie nationale peut être dévastateur. C'est du moins l'avis de l'expert international, le docteur Abderrahmane Mebtoul, qui a, à travers une lettre ouverte reçue hier à notre rédaction, envoyée à l'encontre du premier argentier de notre pays, démontré que la crise actuelle étant structurelle et non conjoncturelle pouvant durer au-delà de 2014. Abderrahmane Mebtoul ne s'est pas contenté, seulement, d'énumérer les erreurs et les défaillances ayant trait à l'analyse de la crise actuelle, mais il propose en contrepartie des solutions de sortie de crise ou, du moins, les hypothèses pouvant amortir le choc sur notre économie. La réforme globale, selon lui, qu'il faut impérativement relancer, loin des politiques actuelles volontaristes, devra se fonder sur des relations contractuelles, étant en panne, ne devant pas s'attendre à des miracles d'une production et exportations hors hydrocarbures avant 5 années au minimum, la première solution prônée par le docteur est de diminuer la part de l'autofinancement de la Sonatrach. Deuxièmement, exporter plus de gaz, "si l'on veut éviter de puiser massivement dans les réserves de change, car non limitées par le quota Opep". Mais en précisant la contrainte des réserves algériennes (environ 3% des réserves mondiales) et que, selon les prévisions du ministère de l'Energie, les exportations pourraient représenter 85 milliards de mètres cubes gazeux (2012) mais la consommation intérieure de gaz pourrait aller à plus de 63 milliards de mètres cubes gazeux (2016/2017), une production totale annuelle de 148 milliards de mètres cubes gazeux, ce qui nécessitera d'importants investissements. Les spécialistes de l'énergie estiment que sur les réserves algériennes initiales prouvées, environ 4600 milliards de mètres cubes, 80% d'entre elles sont récupérables alors que 15% ont déjà été exploitées, environ 1000 milliards de mètres cubes supplémentaires étant considérés comme réserves probables, ce qui donnerait une durée de vie moyenne pour 5000 milliards de mètres cubes gazeux entre 30/35 ans pour le gaz contre moins de 30 années pour le pétrole. Par ailleurs, dira M. Mebtoul, "il faut être attentif à l'évolution du cours du dollar qui représente toujours environ 60% des transactions mondiales, avec l'importance des dépenses publiques et le primat au marché intérieur, certains instituts stratégiques mondiaux prévoient sa dépréciation courant 2009/2010". Car l'appréciation durant les derniers mois par rapport au cours de l'euro, poursuit-il, "a été due au fait aux rapatriements des capitaux américains et non par l'attrait du taux d'intérêt de la FED allant vers zéro à l'instar des autres banques centrales européennes, qui d'ailleurs, réduit pour l'avenir sa marge de manœuvre sur le plan de la politique monétaire". Aussi, dans le cas d'un fléchissement à la fois du cours du pétrole et du dérapage du dollar, l'effet baisse serait double avec un impact négatif sur la partie importation et les réserves de change libellées en dollar dont les bons du Trésor américain placés à l'étranger. "La crise étant très profonde, ne doit pas être prise à la légère, posant un problème de sécurité nationale, la commission de surveillance des effets de la crise sur l'Algérie ne doit pas être au niveau d'un département ministériel mais au niveau de la présidence de la République. Cela éviterait d'ailleurs les cacophonies et des déclarations irresponsables comme ces bilans pompeux contraires à la réalité des investissements confondant les dépôts de dossiers avec les réalisations, avec un écart de plus de 80% et que le taux de chômage baisserait pour aller fin 2009, à moins de 10%". D'où l'importance, à l'avenir, selon lui, de la maîtrise de l'information qui s'est totalement effritée, d'une cohérence dans la démarche de la politique globale n'étant depuis 1986 ni dans une économie administrée, ni dans une véritable économie de marché, cette interminable transition, d'où les difficultés de régulation politique, sociale et économique. Aussi, un changement de politique socioéconomique s'impose, supposant une profonde mutation systémique et donc l'approfondissement de la réforme globale avec un rôle important de l'Etat régulateur dans le cadre d'un Etat de droit , une meilleure gestion et une révision des choix budgétaires. H. M.