Au moment où l'économie mondiale s'est considérablement détériorée sous l'ampleur de la crise économique et financière, au moment où toutes les prévisions économiques se noircissent constamment, rien de reluisant n'est espéré pour 2009 ; le FMI prévoit, d'ailleurs, un recul de 1,3 % de la croissance mondiale. Les signes avant-coureurs d'un redémarrage de l'économie, ou au moins d'un ralentissement de sa chute ne sont pas jusqu'à l'heure actuelle aperçus. Le baril de pétrole qui a atteint des pics inouïs durant l'été de l'année écoulée, a connu une chute vertigineuse au point de mettre en cause les investissements pétroliers des pays exportateurs de pétrole. Les pays mono exportateurs, notamment d'hydrocarbures, à l'instar de l'Algérie, guettent impatiemment la hausse des cours. Alors que la crise continue à faire générer des incertitudes insoutenables ayant à la durée et à la profondeur de la crise qui a mis en stand by tous types d'investissements, l'Algérie, quant à elle, dispose des capacités de financement pour son prochain programme de relance quinquennal (2010-2014), soit 150 milliards de dollars. C'est du moins ce qu'a soutenu à Washington le ministre des Finances, Karim Djoudi. "Nous avons en termes de viabilité de nos finances publiques et de viabilité de nos équilibres extérieurs, la possibilité de financements sur le moyen terme, c'est-à-dire jusqu'a 2014, et ce, tout en maintenant un niveau de réserves de change convenable et en annulant quasi-totalement notre dette extérieure publique", a affirmé le ministre dans un entretien à l'APS, en marge des travaux de la réunion de printemps du FMI et de la Banque mondiale. En effet, le ministre a saisi l'occasion pour mettre en exergue les mécanismes que l'Algérie a mis en place afin de se mettre à l'abri des retombées de la crise. "Les capacités de financement du pays se composent non seulement des revenus pétroliers mais aussi du Fonds de régulation des recettes dont les ressources représentent 40% du PIB et de la mobilisation des financements sur le marché domestique, lequel jouit de fortes liquidités", a-t-il expliqué, en signalant que les mesures prises pour amortir l'impact de la crise financière internationale auront permis de doter le pays des capacités de financer un autre programme d'investissements publics. S'appuyant sur les récentes projections faites par le FMI et la BM et grâce aux plans de relance lancés pas les pays industrialisés ainsi que la Chine, le ministre prévoit un début de normalisation de la situation économique au cours de l'année prochaine. Ceci, selon lui, devrait se traduire par une reprise de la demande pétrolière qui devrait aboutir, à moyen terme, à un redressement des cours mondiaux de pétrole et donc des revenus pétroliers de l'Algérie. Interrogé sur les revenus pétroliers, de l'ordre de 40 milliards de dollars, attendus en 2009 et une lourde facture des importations et donc si l'Algérie ne risque pas de connaître un déficit dans sa balance commerciale, M. Djoudi a considéré que la tendance baissière des cours mondiaux de certaines matières premières, notamment alimentaires et les mesures prises par les autorités publiques pour les activités de commerce extérieur ainsi que les flux de transfert de devises, devraient écarter le scénario d'une détérioration significative de nos réserves de change et ce, malgré un risque de déséquilibre dans la balance des paiements. Dans le même sens, le ministre a passé en revu l'ensemble des mesures prises récemment dans le cadre du recentrage économique, à l'instar de l'instauration du nouvel identifiant fiscal des importateurs (NIF), la décision d'arrêt des importations des médicaments qui sont fabriqués localement ainsi que la fiscalisation introduite sur le transfert des revenus et des dividendes, de l'ordre de 15%, l'instauration, concernant l'investissement, d'une balance devises excédentaire, durant la vie du projet, qui devrait traduire une entrée nette en devises ainsi que l'obligation faite aux sociétés étrangères d'importation nouvellement créées de réserver 30% de leur capital à un partenaire algérien, tout cela, selon M. Djoudi permettra à l'Algérie de dégager des recettes permettant la mise en œuvre de son prochain programme de relance quinquennal. Interrogé sur l'impact de la baisse continue des rendements servis par le Trésor américain pour les titres de Trésor détenus par ses créanciers, dont l'Algérie, à travers ses placements des réserves de change, M. Djoudi a expliqué que ''le choix délibéré de l'Algérie est d'éliminer le risque et ce, même avec une minimisation du rendement de ces titres de créances". Pour le ministre, "les réserves de change sont les joyaux de la République et nous n'avons pas le droit de prendre des risques sur ces réserves. Pour l'Algérie, l'enjeu est de préserver et de sécuriser ses ressources en devises, même s'il y a une baisse de la rémunération, et de ne pas aller vers les actifs à risques". Il vrai que jusqu'à présent l'Algérie est plus ou moins exposée aux affres de la crise économique mondiale ; néanmoins, nul ne sait si l'économie mondiale a touché le fond, ou si elle est sur la voie de la reprise. D'où la nécessité d'être prudent en ces temps d'incertitudes. Mohandi H.