Un sombre portrait de l'économie japonaise et les craintes sur le secteur automobile américain devraient peser sur la Bourse de Tokyo la semaine prochaine. Des chiffres officiels, qui seront publiés aujourd'hui, devraient montrer une forte contraction du PIB de la plus grande économie d'Asie pour le quatrième trimestre 2008, à un rythme annuel de plus de 11%, selon un consensus d'analystes. Il s'agirait alors de chiffres les plus mauvais atteints au Japon depuis 1974, alors en plein choc pétrolier. Alors que le marché pourrait très mal réagir si les chiffres sont encore plus mauvais qu'attendu, quelques analystes estiment toutefois qu'un rebond pourrait intervenir plus tard dans la semaine. "Des actions japonaises pourraient rebondir un jour ou l'autre la semaine prochaine... alors que les marchés seront à court de mauvaises nouvelles pendant un moment", a indiqué Yukio Takahashi, analyste chez Shinko Securities. "Mais, l'incertitude peut revenir en fonction des plans de restructuration de General Motors et de Chrysler qui seront présentés mardi, a-t-il dit. Les deux constructeurs automobiles doivent soumettre un plan de restructuration détaillé avant le 17 février, condition pour obtenir des prêts gouvernementaux. Les investisseurs prêteront aussi une attention particulière aux données américaines sur le logement (permis de construire et mise en chantiers) pour y trouver des indices sur la première puissance économique mondiale, ont indiqué des analystes. "Avec les baisses de prévisions de profits japonais pour le moment, la performance du marché japonais sera étroitement liée au marché boursier américain et aux taux de changes", a indiqué M. Takahashi. L'indice Nikkei 225, moyenne non pondérée des 225 valeurs vedettes, a clôturé à 7.779,40 points, soit un repli de 3,68% sur une semaine, après un gain vendredi dernier de 1,03% sur la semaine précédente. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau s'est de son côté replié de 3,32% sur une semaine à 764,59 points La Banque du Japon (BoJ) va par ailleurs réunir son conseil pendant deux jours la semaine prochaine, mais le résultat devrait avoir peu d'impact sur le marché boursier, a jugé Ryuta Otsuka, stratégiste de Toyo Securities. "Les investisseurs cherchent avec impatience des signes de rétablissement de l'économie américaine, la croissance du Japon dépendant des exportations aux Etats-Unis", a précisé M. Otsuka. La BoJ a peu de marge pour réduire encore plus ses taux d'intérêt et cherche donc de nouveaux outils notamment pour pallier l'aggravation de la récession japonaise. Les investisseurs prêtaient également une attention particulière la réunion ce week-end des ministres des Finances du G7, même s'ils n'attendent pas pour autant de décisions susceptibles de donner de nouvelles orientations aux marchés. MM. Otsuka et Takahashi s'attendent tous deux à ce que l'indice Nikkei s'établisse dans une fourchette de 7.500 à 8.000 points la semaine prochaine. De nouvelles mesures Le Japon envisage de prendre de nouvelles mesures pour relancer son économie menacée par la récession avec des dépenses publiques de 10.000 milliards de yens (84,5 milliards d'euros), d'après la presse japonaise. La seconde économie mondiale a subi une contraction de 11,7% au 4e trimestre 2008, frappée par la baisse de la demande mondiale. Le nouveau plan de relance va encourager les travaux publics, indique le quotidien conservateur Yomiuri. Le gouvernement voudrait aussi favoriser l'emploi de l'énergie solaire dans les maisons et les bâtiments publics, sur le modèle des projets "verts" de Barack Obama, visant à mieux utiliser l'énergie. Le Japon avait déjà adopté un paquet de soutien à l'économie controversé en janvier, sous forme de réductions d'impôts de 2.000 milliards de yens (16,9 milliards d'euros). L'argent distribué devrait soutenir la consommation, espère le gouvernement. Le paquet de soutien à l'économie devrait être présenté aussitôt après l'adoption du budget de l'Etat, qui atteint le chiffre record de 747 milliards d'euros. R.I.