Le gouvernement japonais a révisé à la baisse sa prévision de croissance pour l'exercice budgétaire en cours et table désormais sur une contraction du produit intérieur brut (PIB) de 3,3% alors qu'il envisageait une croissance nulle jusqu'à présent. Cette nouvelle estimation tient compte du plan de relance record de 15.400 milliards de yens (120,4 milliards d'euros) dévoilé un peu plus tôt dans le mois, grâce auquel le gouvernement espère gagner 1,9 point de PIB. Un responsable du Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir a déclaré que de nouvelles mesures de relance seraient nécessaires pour sortir la deuxième économie mondiale de la récession la plus sévère depuis la Deuxième Guerre mondiale. "Nous avons besoin de mesures pour soutenir l'économie sur le long terme", a déclaré Hiroyuki Sonoda lors d'un séminaire à Tokyo. Pour financer le dernier plan de relance en date, Tokyo compte émettre 16.900 milliards de yens (132,8 milliards d'euros) supplémentaires de fonds d'Etat, ce qui va augmenter de 13% le programme d'émissions de JGB, à 149.000 milliards. D'après des chiffres officiels, ce montant est à peu près l'équivalent des recettes nettes de l'impôt sur le revenu prévu par le budget japonais. Des responsables gouvernementaux ont prévenu que des risques baissiers étaient attachés aux nouvelles prévisions, ce qui fait redouter aux investisseurs que le gouvernement japonais sera contraint d'émettre encore plus d'obligations pour financer d'éventuelles nouvelles mesures de relance. "Même si ce n'est pas un facteur déterminant dans le marché aujourd'hui, il y a un sentiment diffus d'inquiétude sur de nouvelles émissions de JGB", a déclaré Tatsuo Ichikawa, analyste chez RBS Securities. La crise financière mondiale a fait chuter la demande pour les voitures japonaises, pour les produits technologiques ainsi que pour une série d'autres produits d'une économie fortement dépendante des exportations. Les chiffres de mars suggèrent que les exportations se sont stabilisées en mars mais à un niveau deux fois moins élevé que celui du même mois de l'an dernier. En tablant désormais sur une chute du PIB en 2009-2010, le gouvernement japonais s'aligne sur les prévisions de la banque centrale et celles d'économistes privés, qui prédisent déjà depuis quelque temps une contraction de l'activité au cours de l'exercice budgétaire qui a commencé le 1er avril. Le Japon a en outre revu en très forte baisse ses prévisions pour l'activité industrielle et les exportations: la production industrielle devrait chuter de 23,4% sur la période allant d'avril 2009 à mars 2010, selon les nouvelles prévisions, alors que le gouvernement envisageait en janvier dernier une baisse de 4,8%. Quant à la chute des exportations, elle est désormais estimée à 27,6%, contre un recul de 3,2% anticipé précédemment. Le ministre des Finances Kaoru Yosano avait demandé à l'agence gouvernementale de recherche et de politique économiques de réviser les estimations publiées en janvier pour tenir compte de la dégradation de la situation. "Il y a toujours de grandes incertitudes concernant les perspectives de stabilisation du système financier mondial et de l'économie. L'évolution des conditions sur le marché du travail doit être suivie de près", a déclaré le gouvernement. A quelques mois de la tenue d'élection législatives, Tokyo a dit anticiper une montée du chômage à 5,2% de la population active, ce qui serait son plus haut niveau depuis sept ans, les pertes d'emplois les plus marquées devant vraisemblablement toucher dans le secteur manufacturier. Le gouvernement a également revu ses anticipations en matière d'évolution des prix à la consommation et prévoit désormais une baisse de 1,3% cette année contre une prévision précédente de -0,4%. Les nouvelles prévisions macro-économiques du gouvernement se fondent sur l'anticipation d'une chute de 14%, en rythme annualisé, du PIB sur les trois premiers mois de l'année calendaire 2009, un recul qui, s'il était avéré, marquerait la plus forte contraction de l'activité depuis le lancement de la publication de données en la matière en 1955. Les chiffres du PIB japonais sur la période janvier-mars sont attendus le 20 mai. De son côté, la Banque du Japon doit publier jeudi ses prévisions semestrielles en matière de prix à la consommation et d'activité économique.