La première victime de la crise financière internationale, le secteur de l'automobile semble entrer dans une phase de restructuration profonde. Selon des experts du secteur, cette crise est la plus dure depuis la Deuxième Guerre mondiale, et le secteur n'a jamais connu une crise d'une telle ampleur : baisse des profits, fermeture d'usines et licenciement de personnels se poursuivent un peu partout dans le monde. Ainsi, en novembre dernier, en Amérique le plus gros marché mondial de l'automobile a vu ses ventes globales reculer de près de 37 %, ramenant la demande à des niveaux jamais vus depuis la crise de 1982. Les grands constructeurs américains, n'ont pas été en mesure de freiner des chutes de leurs ventes de 41% pour GM, de 30% pour Ford et d'un impressionnant 47 % pour Chrysler. Quant aux ventes aux Etats-Unis elles n'ont guère été meilleures pour les autres constructeurs étrangers, dont la preuve est le recul du nouveau numéro un mondial, Toyota, de 34 % ou encore, celui de Honda de 32 %. L'Algérie n'est pas en reste. En effet, le marché algérien de l'automobile ne peut rester déconnecté du marché international. Selon la majorité des concessionnaires installés en Algérie, le marché national de l'automobile a fini par être rattrapé par la crise du marché international de l'automobile lequel affronte actuellement des problèmes structurels, s'accordent à dire plusieurs concessionnaires de voitures contactés. Mauvais chiffres des ventes, "tour de vis" chez les banques dans l'octroi des crédits-consommateurs destinés aux achats de véhicules, hausse des taux d'intérêts de ces prêts, taxe sur la vente des véhicules sont autant de facteurs auxquels font face les maisons de vente de voitures opérant en Algérie. Pour le directeur général de Toyota Algérie, Noureddine Hassaim, la majorité des crédits automobiles accordés proviennent des banques étrangères qui se montrent, depuis ces derniers mois, de plus en plus prudentes dans l'octroi de ces prêts du fait de la crise financière qui secoue leur maison mère, et préfèrent investir dans des secteurs plus sûrs. Les inquiétudes sont autant chez les concessionnaires installés en Algérie, et qui n'écartent pas une hausse sensible des prix des véhicules, du moins à l'orée de 2009. Cette hypothèse est étayée par le fait que nombre d'entre eux comptent convoquer incessamment des réunions en interne afin de débattre de cette question. Ce postulat montre que le marché algérien de l'automobile n'est pas totalement à l'abri de la crise financière internationale. Pour ne pas subir le même sort que le secteur de l'automobile au niveau international, qui a été frappé de plein fouet, les concessionnaires sont appelés à revoir leur démarche. En plus de la taxe sur la vente des véhicules neufs instaurée en août dernier, il y a aussi le facteur psychologique, car beaucoup de personnes hésitent à acheter un véhicule en raison des mauvaises nouvelles économiques provenant de par le monde et préfèrent donc attendre des temps plus cléments. Entre autres, malgré les remises allant jusqu'à 100.000 DA, les cadeaux offerts aux clients et autres mesures promotionnelles n'ont pas réussi à faire décoller la demande. Ce qui a conduit la marque japonaise Nissan à geler toutes les dépenses destinées à la réalisation de nouveaux show-rooms et au développement de son réseau de distribution. Constat partagé par Peugeot Algérie qui, selon ses représentants, "fait de plus en plus attention à ses dépenses pour prévenir les effets de la crise financière mondiale qui affecte la majorité des grands constructeurs européens, asiatiques et américains". Quant à la fabrication automobile en Algérie, le responsable exécutif de l'Association des concessionnaires algériens (AC2A), Zekri Boualem, estime que "si le pays désire se lancer dans la fabrication d'automobiles, il faut qu'il soit attractif aux yeux des constructeurs automobiles, dont le premier objectif reste le gain". Pour sa part, le directeur général de la société Diamal (distribution de véhicules Chevrolet, Opel et Isuzu), Serge Gurvil, estime que l'Algérie dispose d'un potentiel humain et matériel qui permet le lancement d'une industrie automobile. Par ailleurs, plusieurs concessionnaires considèrent que ce créneau nécessiterait le développement d'un tissu industriel compétitif autour de cette filière ainsi qu'une main-d'oeuvre qualifiée. L'industrie automobile nécessite également "un cadre juridique adéquat, une accessibilité au foncier, une infrastructure routière développée et un réseau de service efficaces", selon eux. Sur cette question, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, a été clair sur le traitement en cours du dossier relatif à l'industrie des véhicules qui, selon lui, "va tenir compte du cadre national économique de l'investissement". Selon ses déclarations, l'Etat veut aller vers la production et non pas le montage et la sous-traitance. Hamid Si Salem