Autres temps, autres moeurs. La sardine, autrefois poisson du pauvre, nargue aujourdhui les ménages à faible revenu. Avec un prix dépassant les 300 dinars le kilo, la sardine rejoint les crustacés et les poissons nobles et devient à son tour inaccessible. La sardine nest descendue que rarement, ces derniers mois, sous la barre des 200 dinars. Mais au cours de la cette semaine, son prix a atteint les 400 dinars de kilo. Du jamais vu. Encore un produit de large consommation qui tombe dans lescarcelle de ces produits que lon ne peut plus se permettre dapprocher au risque de faire subir à son porte-monnaie une nouvelle saignée. Le temps semble donner raison à laffolement des prix de la sardine pas seulement à Alger mais aussi à louest et à lest du pays. Dans les marchés de la capitale, les vendeurs les plus rusés connaissent très bien les stratagèmes à mettre en place pour leurrer le consommateur. Certains vendeurs sans scrupules profitent de la crédulité des acheteurs pour proposer lallache (latcha) au lieu de la sardine à ce prix exorbitant. Rares sont les personnes qui font la différence entre les deux poissons appartenant à la même famille. La sardine et lallache sont presque identiques : même calibre avec un corps fuselé et des reflets argentés, la seule nuance entre ces deux genres de poissons est que lallache a une rature à la couleur verdâtre sur le dos. Rareté ou spéculation, on nen sait pas trop. Néanmoins, la rareté et la cherté du poisson ainsi que le faible ratio de consommation par habitant sont, entre autres, des indicateurs qui démontrent linadéquation entre les moyens et les capacités disponibles dans le secteur de la pêche. Pourtant, les activités de soutien, en amont et en aval, pour booster la production halieutique sont nombreuses. Elles concernent la maintenance, lavitaillement en combustible, le matériel de pêche et daccastillage, les entrepôts frigorifiques, la production de glace, les chambres froides et le transport sous froid au moyen de camions isothermes. De nombreux créneaux sont également ouverts à linvestissement, se rapportant notamment à lacquisition de navires pour la pêche côtière et hauturière, la construction et la réparation navales, le conditionnement, le transport, la transformation des produits halieutiques, les équipement de pêche et les pièces de rechange. Sans oublier lapport de laquaculture. Plusieurs projets sont en cours. Pas plus dune semaine, le ministre de la pêche et des ressources halieutiques a procédé à la pose de la première pierre pour la réalisation dune ferme pilote pour le production de crevettes à Skikda. Un projet en partenariat avec la Corée du Sud. A noter, par ailleurs, quà la fin de lannée 2005, la production halieutique avoisinait les 140.000 tonnes, ce qui était loin de répondre aux besoins dune population dont la consommation était estimée à plus de 5 kg par habitant. La question que pose lexplosion du prix de la sardine doit être prise au sérieux dautant plus que les explications avancées de part et dautres ne tiennent pas la route. La sardine est un produit de consommation incontournable. Sil na pas été érigé en plat national au même titre que le couscous, il nen demeure pas moins que lAlgérien lui voue un véritable culte. Grillée, frite ou cuisinée en boulettes, elle demeure un des plats préférés des populations des villes côtières et même de celles de lintérieur. Elle est consommée dans la convivialité. Si le prix de la sardine reste inaccessible aujourdhui, au même titre que les autres poissons, voire autres viandes rouge, et blanche puisque même le prix du poulet a connu une envolée spectaculaire, certains ménages pour ne pas dire une majorité des ménages, ne pourront pas se permettre de consommer une viande même une fois par mois. Cest tout simplement inadmissible dans un pays aussi riche que lAlgérie! Dalila B..