Le président malgache Marc Ravalomanana et le leader de l'opposition Andry Rajoelina ont eu samedi soir une entrevue de 45 minutes et sont tombés d'accord pour faciliter le dialogue et éviter les violences, ont annoncé les chefs du Conseil des Eglises chrétiennes de Madagascar (FFKM) qui sert de médiateur. Le FFKM a indiqué que les deux parties se sont engagées à éviter désormais de se livrer aux violences et aux pillages et de tenir des propos provocateurs, de diffuser de fausses nouvelles. Les manifestations de rue seront également arrêtées alors que le gouvernement a promis de cesser de l'arrestation à caractère politique. Les deux dirigeants se sont convenus de faciliter le dialogue futur et d'encourager leurs partisans à respecter ces accords. Samedi soir, Rajoelina a demandé à ses partisans, à travers sa radio privée Viva, de suspendre les activités antigouvernementales. Il a déclaré avoir décidé de parler avec le président Ravalomanana, affirmant qu'il avait le devoir de prévenir de nouvelles pertes de vie dans les affrontements entre les deux parties. Des personnes ont trouvé la mort dans les émeutes et pillages survenus fin janvier dans le cadre d'une "grève générale" lancée par l'opposition. Le 7 février, au moins 28 personnes ont été tuées dans une fusillade de la garde présidentielle lors d'une manifestation de l'opposition devant le palais présidentiel, rappelle-t-on. Rajoelina a annoncé que sa prochaine réunion avec Ravalomanana aura lieu soit lundi ou mardi prochain. C'est le premier entretien face à face entre Ravalomanana et Rajoelina depuis le début de la crise politique en décembre dernier à Madagascar. Après la tragédie du 7 février, Rajoelina avait juré de ne pas parler avec Ravalomanana, si l'opposition acceptait de dialoguer pour mettre fin à la crise politique qui a duré deux mois. Le maire destitué d'Antananarivo a aussi affirmé samedi que le gouvernement avait libéré les partisans de l'opposition arrêtés ces derniers temps, peu de temps après sa rencontre avec Ravalomanana. La rencontre de samedi entre le président Ravalomanana et Rajoelina a eu lieu sous l'égide du FFKM, organisation influente à Madagascar, qui regroupe l'Eglise Catholique, l'Eglise de Jésus- Christ à Madagascar, L'Eglise Episcopale Malgache (anglicane) et l'Eglise Luthérienne Malgache. En tant qu'un chrétien pieux, le président Ravalomanana est également l'un des leaders de l'Eglise de Jésus-Christ à Madagascar tandis que M. Rajoelina est membre de l'Eglise Catholique. L'accord de samedi fait suite aux efforts intenses de médiation internationale entre les deux parties. Les délégations de l'ONU, de l'Union africaine (UA), la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et l'Union européenne ( UE) se sont rendues dans le pays au début de ce mois, dans le but de convaincre les protagonistes de s'asseoir et de dialoguer. Avant de quitter Madagascar jeudi, le chef de la délégation de la SADC, Lutfo Dlamini, a déclaré aux médias que la SADC s'est opposé à toute violation de la Constitution malgache et au renversement d'un gouvernement élu. Il a déclaré qu'il était optimiste quant à la possibilité d'un dialogue entre Ravalomanana et Rajoelina, en disant que la SADC devrait encourager tous les efforts visant à trouver une solution pacifique et durable à la crise politique actuelle, qui a commencé en décembre dernier. Rajoelina, qui avait déclaré prendre en charge les affaires nationales et exigé la démission du président Rajoelina, a lancé depuis une opération destiné à installer les "ministres" qu'il avait nommés, dans les ministères du gouvernement. Jeudi, les partisans de l'opposition réussi pénétré dans quatre ministères, qui ont été repris vendredi matin par les forces de sécurité. R.I