Minimisant les divergences de fond, la réunion préparatoire au sommet du G-20 du 2 avril prochain à Londres s'est terminée par une démonstration de bonne volonté et d'harmonie face à la crise. Les grands argentiers des principales économies de la planète, ministres des Finances et banquiers centraux, réunis dans la campagne anglaise, se sont engagés à entreprendre "toutes les actions nécessaires" pour rétablir la croissance mondiale et renforcer le rôle du FMI. Les pays du G-20, qui représentent plus de 80% de l'économie mondiale, sont tombés d'accord pour dire que la priorité des priorités est de rétablir les capacités de prêt des banques, aujourd'hui gelées, et de régler le problème des actifs à risque, à l'origine de la spirale qui a plongé le monde dans la crise actuelle. S'engageant à un "effort soutenu" afin de rétablir la croissance mondiale, les pays du G-20 ne sont en revanche pas entrés dans le détail desdites actions à mettre en oeuvre pour y aboutir, signe des divergences qui demeurent sur les moyens de gérer la crise. Le communiqué final n'évoque cependant pas un engagement, comme le souhaitaient au départ les Etats-Unis, en faveur d'une augmentation des dépenses dans le cadre de plans de relance coordonnés, mais reconnaît au contraire l'importance des efforts de relance déjà engagés et appelle à une plus forte régulation financière. C'était là un moyen de minimiser et apaiser la querelle transatlantique qui aura opposé les Etats-Unis aux Européens, les premiers jugeant que l'Europe n'en faisait pas assez, les seconds donnant priorité aux mécanismes de renforcement de la surveillance des marchés financiers, et Londres jouant les médiateurs pour rapprocher les positions. A l'issue de la réunion, la ministre française de l'Economie Christine Lagarde a ainsi estimé que la France et l'Allemagne avaient obtenu une victoire, le G-20 ayant "bougé dans notre direction", et les partenaires des Européens acceptant une meilleure régulation du système bancaire et un renforcement de la lutte contre les paradis fiscaux. Une satisfaction largement partagée par son collègue allemand Peer Steinbrück, Berlin ayant tenu à rappeler que l'Allemagne avait tout de même lancé un plan d'incitations fiscales équivalant à 4,2% du PIB... Au cours de la conférence de presse finale, Timothy Geithner, nouveau secrétaire américain au Trésor, a noté le "consensus global sur la nécessité d'agir avec détermination" pour restaurer la croissance. Il s'est dit satisfait des progrès effectués lors cette réunion, tout en notant que la période était "pleine de défis" et la situation "toujours en cours d'évolution". "Nous avons décidé qu'une meilleure régulation était nécessaire pour éviter la constitution de risques systémiques", a renchéri Alistair Darling, le secrétaire britannique au Trésor, expliquant que le G-20 avait décidé d'accroître la surveillance des fonds d'investissements à risques (hedge funds). Dans le collimateur également, les agences de notation financière, montrées du doigt pour leur rôle dans le déclenchement de la crise. Un autre point majeur d'accord s'est fait sur la "nécessité urgente d'augmenter de manière substantielle les ressources" financières du Fonds monétaire international (FMI) pour qu'il puisse aider les pays en difficulté. Aucun chiffre n'a cependant été déterminé. Dans la semaine, les 16 pays de la zone euro étaient eux tombés d'accord pour demander un doublement du budget du FMI à 500 milliards de dollars (390 milliards d'euros) et de lui confier un rôle clé dans la surveillance des menaces sur l'économie mondiale. Le communiqué final du G-20 avait été précédé d'un communiqué des quatre grandes puissances émergentes, Brésil, Russie, Inde et Chine, texte critique envers les Américains et Européens. Les Quatre réclamaient aussi le renforcement de leurs droits de vote au sein des organes décisionnaires du FMI, dominés par les Occidentaux et où la faible représentation des pays en développement est particulièrement critiquée depuis le début de la crise. Le communiqué final leur a aussi donné satisfaction, estimant que la gouvernance du FMI doit mieux répercuter les changements dans l'économie mondiale, et le G-20 s'engageant aussi à lutter contre le protectionnisme et à aider les économies émergentes et en développement à compenser le tarissement des flux de capitaux privés. R.I.