Le regain d'intérêt pour la culture environnementale constaté dans la wilaya de Naâma, où tous les acteurs publics et associatifs déploient des activités complémentaires pour la protection des zones steppiques, a été lundi au centre d'un colloque sur les diverses questions de biodiversité. Lors de ce colloque, les différents acteurs ont échangé leurs expériences, à l'instar de l'association scientifique de prospection de la nature qui parraine depuis avril 2008 un programme portant sur l'éducation environnementale ciblant quelque 200 enfants issus de sept hameaux steppiques, dans la commune steppique de Sfissifa. Le programme de cette association, financé par l'Union européenne, comporte essentiellement des stages pratiques sur le milieu naturel et les problèmes de la biodiversité posés dans ces zones semi-arides. Il cible des sorties de terrain mensuelles au profit des enfants pour les sensibiliser sur les questions liées à l'environnement et à la préservation du patrimoine archéologique et paléontologique que recèle la région, dont des ksour, des ossements de dinosaures, des gravures rupestres, a souligné le représentant de l'association à Sfissifa, Tala Ahmed. Ses autres activités consistent en l'organisation de journées d'étude, de caravanes et de concours sur la culture environnementale, ainsi que la généralisation des procédés pédagogiques liés aux loisirs scientifiques, et la création d'un club de photographie pour amateurs. Un atelier de plantation d'arbustes et de fourrages créé par cette association a permis la plantation de 1.200 arbustes par les enfants, dans le cadre des actions menées pour la lutte contre la désertification. Le projet consolidé de l'association, qui a été présenté à l'occasion du colloque organisé à l'initiative de l'ensemble des acteurs impliqués dans cette opération de sensibilisation et de formation, s'inscrit dans le cadre d'une coopération avec l'Union européenne et le ministère de la Jeunesse et des Sports. L'association exposera ses conceptions sur le projet de réalisation d'une réserve naturelle dans la zone steppique de Sfissifa. Elle préconise aussi la création d'un club vidéo écologique, la publication de dépliants et de revues sur la nature, l'écologie et l'élaboration d'une cartographie technique et scientifique pour faire connaître la vie faunistique et floristique de la région. Les pouvoirs publics locaux ont mis en exergue, dans ce même contexte, les efforts de protection de l'écosystème steppique de la wilaya pour la préservation des espèces floristiques endémiques menacées de disparition. A cet égard, le wali de Naâma a cité un projet de partenariat avec l'ambassade des Emirats arabes unis annoncé par le représentant de l'émirat d'Abou Dhabi, qui a visité récemment cette région. Le projet porte sur la création d'une réserve naturelle où des lâchers d'outardes seront effectués dans les localités de Nefikha à Sfissifa et Gaâloul à Ain Benkhelil. De leur coté, les habitants des zones steppiques, dont des éleveurs particulièrement, ont été ciblés par des actions de sensibilisation sur les dangers menaçant l'environnement du fait de la désertification, la surexploitation du couvert steppique à cause du pacage illicite et l'absence d'une culture de reboisement et de préservation des ressources hydriques. Ces actions se sont traduites par une adhésion des enfants de nomades dans des clubs verts et des sections scientifiques pédagogiques créées à travers leurs écoles, où ils ont bénéficié de cycles de formation en matière de protection de l'environnement. Le jeune universitaire Azrar Mohamed, un ex-élu local et cadre de la santé dans la région de Sfissifa, a estimé que l'absence d'une culture environnementale est à l'origine des problèmes que connaissent les zones steppiques. Il a aussi évoqué le non respect des lois protégeant le milieu naturel, le manque de programme de sensibilisation et l'absence d'accompagnateurs pour l'orientation et la vulgarisation et de représentants des associations concernées dans les villages. Selon lui, c'est la raison pour laquelle il y a désintérêt pour la mise en oeuvre des projets de réalisation de réserves naturelles comme c'est le cas de la zone humide de "Aklat Edaira" qui, classée par la convention internationale de "Ramsar", subit toujours le pacage illicite et la cueillette anarchique et abusive de plantes médicinales, de dégradation de parcelles d'alfa et l'accumulation des rejets organiques de cheptels. Bendaho Mohamed, président de l'association pour la promotion de l'environnement de Mechria a souligné, pour sa part, l'augmentation du taux de scolarisation en milieu rural et l'ampleur de l'action de sensibilisation et des sorties sur terrain menées pour promouvoir cette culture. L'usage de l'internet et l'élaboration de dépliants et de revues spécialisées en environnement ont beaucoup aidé les citoyens, au cours de ces dernières années, à prendre conscience de la situation de dégradation du ouvert végétal steppique et à s'impliquer dans les opérations de protection de l'environnement, en tant qu'acteur efficace pour mener à terme les projets engagés dans ce sens. Mme Bakhta Bendimia, qui est membre active dans le domaine de la protection écologique dans cette wilaya, estime que les habitants des zones rurales sont obligés de s'adapter aux aléas des conditions climatiques et de la sécheresse et de préserver la vocation agropastorale de leurs localités. Elle en a déduit qu'il est impératif que les projets initiés à cet effet accordent la priorité à la disponibilité de ressources hydriques pour l'irrigation et de la culture fourragère afin d'assurer des revenus pour les familles d'éleveurs de la région. R.R