Les zones humides sont des lieux d'enjeux multiples. Ces milieux accueillent une grande variété d'espèces végétales et animales spécifiques. Ils jouent un rôle important dans la régulation du régime des eaux ou l'épuration des eaux. Dans les cas extrêmes, les dégradations de zones humides conduisent à des risques d'inondations ou de sécheresses accrus, à une épuration naturelle des eaux réduite et à une détérioration des milieux naturels. C'est dans ce contexte qu'il convient de signaler que la wilaya de Naâma abrite trois zones humides classées au titre de la convention internationale "Ramsar" visant la protection de la biodiversité et des ressources écologiques, dont les projets susceptibles de les valoriser et les promouvoir "n'ont pas été concrétisés", indique-t-on à la Conservation locale des forêts. Parallèlement à la non matérialisation de ces projets dans ces zones humides, explique-t-on, des recherches scientifiques et activités touristiques devant préserver leurs ressources hydriques, végétales et animales n'ont pas encore été réalisées. La classification de ces zones constitue une étape positive, selon certaines associations versées dans la protection écologique et la sauvegarde de la biodiversité, puisque cette opération permettra d'enrichir le répertoire écologique de l'Algérie qui recèle 42 zones humides classées s'étendant sur une superficie globale de 2,8 millions hectares. Le lac continental de Ain el Warka est considéré comme la première zone humide classée de la wilaya, depuis janvier 2003, du fait qu'elle répond aux normes biologiques requises. Cette zone dispose d'une station thermale riche en sources d'eau chaude située au milieu d'une rare biodiversité méditerranéenne et comptant 19 espèces ornithologiques protégées. Cependant, cette zone est confrontée aux effets négatifs de l'extension urbaine, du risque des inondations et des eaux ruisselantes issues de pluies torrentielles et la présence humaine par le biais de la dégradation de l'environnement et le rejet illicite des déchets. D'autres sites écologiques ont été pris en charge, à partir de 2004, notamment, la zone de Agla Daya relevant de la commune de Ain Ben Khellil, classée sur une superficie estimée à 2.343 ha. Cette zone constitue un prototype de biodiversité qui s'adapte avec l'environnement steppique, son climat et son relief. Elle dispose, également, d'espèces de plantes protégées comme le pistachier atlassien, l'alfa et le pin phénicien. Ce site comprend aussi un taux de 66 pour cent d'espèces de plants protégées dans la région, notamment, des plantes médicinales et fourragères, outre 17 espèces faunistiques (ornithologiques et mammifères), soit 1 pour cent du nombre d'oiseaux migrateurs et 100 autres de l'espèce Tadorne Casarqua. Les secteurs de l'environnement et des forêts ont entrepris plusieurs démarches pour réhabiliter cette zone en proposant des projets au titre de l'opération "G35", financée par le Fonds mondial de l'environnement relevant de l'ONU pour un investissement de l'ordre de 7 000 euros à Agla Daya (Aïn Benkhellil), ainsi que d'autres projets de réhabilitation des zones de Mergab à M'sila et Taghit à Béchar. Le projet de "Agla" a enregistré la réalisation d'une station de traitement des eaux usées initiée par l'Association nationale de réflexion et d'échange sur l'environnement. La troisième zone humide classée, le 4 juin 2003, est l'oasis Moghrar s'étendant sur une superficie estimée à 1.950 ha de palmiers, de vergers et de Daya, situés en aval des oueds. Elle recèle, en outre, plusieurs espèces végétales et des sources hydriques. En plus de l'oasis de Tiout, située au sud de la wilaya, la zone de Moghrar a été au centre d'intérêts visant à développer le tourisme saharien et sa promotion en générant de nouveaux postes d'emploi et des ressources, indique-t-on auprès des secteurs de l'environnement, des forêts et du tourisme. La classification de l'oasis de Moghrar résulte, aussi, de son patrimoine archéologique, car recelant un antique K'sar à Moghrar Tahtani qui enregistre des travaux de restauration et la citadelle de Cheikh Bouamama et sa Zaouïa, édifiée en 1875. Cet édifice religieux dispose, actuellement, d'un musée d'archives matérielles et de manuscrits historiques relatant différentes civilisations et cultures qui se sont succédés dans cette région des Hauts-Plateaux. Ce musée de la citadelle et centre de rayonnement historique, classé patrimoine national, abrite des ossements d'animaux préhistoriques, des armes de différentes époques et de produits artisanaux antiques qui n'ont pas fait l'objet d'études scientifiques ou de recueil, et restent en proie à l'abandon ou au vol. Ce patrimoine richissime qui recèle, entre autres objets de valeur, des documents historiques sur la résistance populaire du sud oranais, des correspondances des officiers de l'armée française, un testament, des mémoires et des manuscrits témoignant de la résistance du Cheikh Bouamama, nécessite un regain d'intérêt de la part des services compétents. Dans ce souci de sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel de la région, la préoccupation majeure des habitants de l'oasis de Moghrar est indubitablement la problématique de "l'enfouissement de la boue des puits, la détérioration des ruisseaux, l'obstruction des sources destinées à l'irrigation des vergers et palmeraies", situation, déplorent-ils, à l'origine d'une régression des productions phoenicicoles, en dépit des tentatives récentes visant à renouveler et élargir les superficies agricoles sahariennes au titre des projets de concessions et de soutien. L'oasis de Moghrar souffre, également, de l'exode de la plupart des fellahs du fait des facteurs de la sécheresse, les difficultés de commercialisation, le retard des travaux de raccordement électrique, outre, la détérioration des moyens traditionnels d'irrigation réputés à travers les monts des ksours au sud de la wilaya.