Les marchés vacillent, emportés par la grippe porcine. Le marché des métaux a entamé la semaine sur une chute généralisée, emboîtant le pas aux Bourses, qui reculaient sous la menace de la grippe porcine. "L'épidémie de grippe porcine a été une excuse parfaite pour empocher des bénéfices sur le marché des métaux et des actions, surtout après la forte envolée du cuivre en début de mois", a commenté Andrey Kryuchenkov, de VTB Capital. A compter de mercredi, les prix se sont redressés, soutenus par l'espoir d'un redémarrage économique en Chine. "Le sentiment macroéconomique a été dopé par l'annonce d'une hausse d'un indice de production industrielle en Chine (...)", ont expliqué les analystes de Barclays Capital. Usine du monde, la Chine est l'un des principaux consommateurs de métaux. Les cours du cuivre sont retombés à 4158 dollars en début de semaine, avant de renouer avec la tendance haussière des dernières semaines. Ils ont fini en hausse de 3,2%. Depuis deux mois, les cours du métal rouge ont fortement progressé, jusqu'à atteindre 4925 dollars la tonne le 16 avril, un plus haut depuis la mi-octobre. Ils ont été dopés principalement par une décrue de stocks du London Metal Exchange, dans lesquels la Chine a puisé pour se constituer des réserves d'Etat. En avril, les réserves du LME ont perdu 108'000 tonnes, revenant à leur niveau de début janvier, a calculé Barclays Capital. L'aluminium a gagné 5% malgré des perspectives fondamentales jugées médiocres et l'annonce du dépôt de bilan du constructeur automobile Chrysler. Selon les analystes de Deutsche Bank, le métal est doublement menacé: outre le fait que les achats d'aluminium par l'Etat chinois vont cesser, des hauts fourneaux chinois ont récemment relancé leur activité, mise en veilleuse quand les prix étaient au plus bas. "Une capacité de production de l'ordre de 500'000 à 1 million de tonnes par an a redémarré, selon nos calculs, réduisant le bénéfice des réductions de production ailleurs dans le monde", ont-ils souligné. Les prix des métaux précieux ont tous reculé cette semaine, l'or pâtissant d'une désaffection des investisseurs pour les valeurs refuge alors que la fin de la récession se dessine, tandis que les platinoïdes payaient les craintes sur le sort des constructeurs automobiles américains. Après un début de semaine plutôt brillant, les prix de l'or ont fini en baisse de 2,7%, victimes d'une désaffection pour les valeurs refuges. Le métal jaune a d'abord grimpé lundi à 918 dollars, son niveau le plus haut depuis trois semaines, alors que la menace d'une propagation de la grippe porcine faisait grimper le dollar et chuter les Bourses, baromètre de la confiance économique. Ensuite, la reine des valeurs refuge a nettement fléchi pour finir sous la barre des 900 dollars. "Comme les marchés d'actions et les résultats d'entreprise fournissent des signes essentiels invitant à l'optimisme, la ruée vers l'or se termine", a observé Manoj Ladwa, courtier chez ETX Capital. "Plus personne ne panique", renchérit Andrey Kryuchenkov, analyste chez VTB Capital. L'once d'argent a cédé du terrain, dans le sillage de l'or. La semaine avait toutefois bien démarré, avec une incursion à 13,26 dollars, un plus haut depuis le 30 mars. Elle a clôturé à 12,15 dollars contre 12,78 dollars une semaine plus tôt. Les métaux du groupe platine ont pâti des inquiétudes sur le sort des constructeurs automobiles, après l'annonce du dépôt de bilan de Chrysler. Le platine a touché 1.070 dollars l'once, un plus bas depuis 6 semaines, le palladium tombant à 210,75 dollars, son niveau le plus faible depuis fin mars. Les inquiétudes sur la santé du secteur automobile, principal débouché pour ces métaux, ont été ravivées par l'annonce du dépôt de bilan du constructeur américain Chrysler jeudi. Pour leur part, les prix du coton ont aligné une cinquième semaine d'affilée de progression à New York, portés par l'espoir d'une reprise économique proche qui relancerait la demande. Les cours "ont gagné 12 cents depuis les plus bas touchés début mars, sans correction significative, et cette progression devient excessive techniquement", a jugé John Flanagan, avertissant d'un "possible retrait dans un futur proche". Pour les analystes de Plexus Cotton, le coton, comme d'autres matières premières, a attiré les fonds d'investissement, "plus en raison d'attentes sur le front macroéconomique que du rapport entre l'offre et la demande". Les prix du sucre ont poursuivi leur ascension cette semaine, dopés par les importations indiennes et l'anticipation d'un déficit mondial cette année, tandis que cacao et café faiblissaient, victimes de craintes sur la grippe porcine et d'une dégradation des perspectives de demande. Le cacao a faibli cette semaine, sous le coup des inquiétudes liées à la grippe porcine et de chiffres de récolte meilleurs que prévu en Côte d'Ivoire. En début de semaine, le marché des alimentaires a pâti du "climat d'anxiété qui s'est répandu dans le monde au sujet de la propagation de la grippe porcine qui pourrait entamer les efforts mondiaux pour sortir de la récession économique", a expliqué Stéphanie Garner, de la maison de courtage Sucden. Les cours du café ont eux aussi pâti d'un retour d'inquiétudes sur l'économie mondiale. Sur le Liffe, le robusta pour livraison en juillet valait 1475 dollars la tonne vers 12H30 GMT, contre 1491 dollars la tonne (échéance mai) la semaine précédente à 14H30 GMT. Sur le NYBoT, l'arabica pour livraison en juillet valait 116,35 cents la livre contre 118,55 cents la livre vendredi dernier. R.T.M.