Rachida T. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. La menace de la grippe porcine fait flamber les actions des groupes pharmaceutiques dans les Bourses. Hier, les valeurs pharmaceutiques ont été bien orientées sur toutes les places financières, à commencer par celle de Paris. Les grands groupes pharmaceutiques vont profiter au maximum de cette nouvelle menace et, en particulier, ceux qui commercialisent les antiviraux, c'est-à-dire GlaxoSmithKline (+2,3%) pour le Relenza et Roche (+3,9%) pour le Tamiflu. Tous les laboratoires pharmaceutiques, impliqués dans la recherche vaccinale, sont également bien orientés en Bourse, à l'image de Sanofi-Aventis (+1,6%). Hier, à la Bourse de Paris, la grippe porcine avait dominé l'actualité d'un marché peu actif, profitant aux valeurs pharmaceutiques et de protection. En début de matinée, le groupe Sanofi-Aventis a progressé de 1,12% et, hors CAC, Sperian, qui vend des masques de protection, s'envole de près de 16,41% dans un gros volume représentant 3,38% de son capital. Essilor gagne 2,05%. La peur de la grippe porcine a touché également les changes avec une baisse de l'euro en début d'échanges européens. L'euro et le dollar semblent être les principales victimes des inquiétudes des investisseurs, face à un yen résistant. La grippe porcine se propage rapidement et met la pression sur les marchés. Les craintes d'une pandémie, qui rappelle celle de la grippe aviaire, frappent les Bourses mondiales et plus spécialement les secteurs liés au tourisme et l'alimentation. D'ailleurs, la chute subie par les marchés asiatiques, hier matin, est surtout due à la baisse des compagnies aériennes et du secteur du tourisme. Les experts de TraderWatch affirment que «si la situation se complique à court terme, l'argent se refugiera dans le secteur technologique». Les analystes sont très inquiets. En effet, lors de l'épidémie de la grippe aviaire, les conséquences furent très négatives pour les marchés pendant un certain temps. Il est donc probable que ceux-ci soient touchés «d'une manière graduelle et croissante». À l'heure actuelle, Le secteur des Loisirs et des Voyages est le plus touché du Stoxx600 (-4,2%), suivi du secteur des produits de base qui perd 2,3%. Les Bourses européennes continuent en baisse: Cac (-1,52%), Dax (-1,65%), Ftse (-1,10%), EuroStoxx (-1,92%), et Ibex35 (-2,45%, 8.669 points). Dans la Bourse de Paris, les grands perdants d'hier étaient les compagnies aériennes et celles activant dans le tourisme qui ont connu, hier, des baisses spectaculaires. C'est la compagnie aérienne française Air France-KLM qui accuse la plus forte baisse du CAC 40 avec (-7,83%) suivie par Accor (-5,6%). Les deux sociétés pouvant être affectées par les effets de l'épidémie de grippe porcine sur le transport aérien et le tourisme. Les aéroports de Paris perdent, quant à eux, 5,31% de leurs valeurs. Des prévisions qui compliquent les choses L'OMS est en alerte maximale et considère que le virus en cause, le H1N1, qui appartient à la même famille que le virus de la grippe aviaire, est potentiellement pandémique. La forme H1N1 du virus grippal a été à l'origine de l'épidémie de grippe espagnole en 1918. Dans le cas de la grippe porcine, le virus a acquis la faculté de transmission de l'homme à l'homme, d'où sa dangerosité et -comme pour la grippe aviaire- dans le cas du H1N1, il n'y a pas de vaccins disponibles actuellement. Cependant, cette souche est bien connue des autorités et sa fabrication est possible à partir d'embryon d'œufs. Un analyste souligne que si techniquement, la fabrication d'un vaccin anti-H1N1 et l'obtention d'une autorisation de mise sur le marché (procédure accélérée et allégée) ne devraient pas poser de problème particulier, les capacités de production, déjà déficitaires dans le cas de la production du vaccin préventif de la grippe saisonnière, pourraient faire défaut. Par ailleurs, cette souche serait insensible aux «anciens» antiviraux dont la plupart des gouvernements ont constitué des stocks de précautions importants en prévision d'une pandémie de grippe aviaire, précise le spécialiste. R.T.