Le Conseil national économique et Social (CNES) a procédé à la présentation du rapport national sur le développement humain (Algérie-2006), le jeudi 15 février à la résidence Djennane El-Mithak à Alger, en présence notamment du représentant résident du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Ce rapport sur le développement humain en Algérie, mené en étroite collaboration avec le PNUD, dans sa présente édition, est le premier du genre, à être élaboré, selon les standards internationaux et plus précisément aux normes pnudiennes déclaré le président du Conseil national économique et social (cnes), M. Mohamed-Seghir Babès. Ce dernier ajoutera que "ce rapport respecte scrupuleusement le protocole des indicateurs de calcul tel qu'énoncé et tel qu'appliqué à travers le monde entier par le PNUD, qui est l'agence exécutive des Nations unies et ayant la charge et la responsabilité de piloter, à l'échelle mondiale, cet exercice d'évaluation"."Tout le calcul de l'indice a été élaboré sur la base des statistiques nationales validées par l'expert consultant des Nations unies", qualifiant cette entreprise d'"inédite" en Algérie. Il s'agit, a-t-il dit, de "monter chez nous, en Algérie, au niveau institutionnel, des ingénieries capables de collecter, de traiter et de modéliser des données et des statistiques nationales pour servir de point d'appui à l'application d'un protocole de calcul des indicateurs, tel que défini par des standards internationaux". "Ainsi, on va adresser, aux pouvoirs publics, un rapport d'une très grande objectivité et dont le caractère scientifique est incontestable", a souligné le président du cnes, indiquant que " l'ensemble des secteurs d'Etat, nous ont accompagnés dès le début l'exercice, au mois de mars 2006". Il a précisé que cet exercice "résulte d'une approche consensuelle à l'échelle nationale et rencontre la validation et la reconnaissance internationale." En ce sens, M. Babès estime que le prochain rapport mondial sur le développement humain se fera "en étroite symbiose avec les avancées que nous faisons sur notre propre rapport national". "Ce qui nous permet, a-t-il dit, de rentrer dans une espèce de paradigme qui est un modèle de bonne gouvernance" car, a-t-il expliqué, "le but est de se donner des systèmes d'évaluation nationaux montés à des standards internationaux". Tous les indicateurs sont au vert Le président de cette institution consultative a aussi fait remarquer que ce rapport a été élaboré sous "la contrainte d'exigences méthodologiques que nous avons voulue délibérément", pour qu'à l'avenir, a-t-il soutenu, "aucun rapport national ne puisse être susceptible de controverse ou de suspicion". A cet effet, il a précisé que le rapport national sur le développement humain 2006 "n'est pas un rapport partisan, mais il servira plutôt à éclairer les pouvoirs publics et les gouvernants". Le 6e rapport national sur le développement humain (RNDH) permet à l'Algérie de "se mettre en posture" en matière d'exercice d'auto-évaluation, L'Algérie est le premier pays à élaborer un rapport national sur le développement humain en collaboration étroite avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD. A noter que la valeur de l'indice de pauvreté humaine, en Algérie, est passée de 25,23% en 1995 à 16,6% en 2005, soit un recul, d'une moyenne annuelle, de 4%, selon le 6e rapport sur le développement humain du Conseil national économique et social (cnes). "Ce nouveau résultat correspond à la limite inférieure des pays à développement humain élevé et reflète les moyens mobilisés pour la lutte contre la pauvreté à travers la longévité, la réduction des proportions des populations privées d'eau potable, l'alimentation et la nutrition de la mère et de l'enfant", souligne ce rapport qui sera rendu public. Le développement humain est mesurable à l'aide de trois variables : la longévité, le savoir et le niveau de vie . En Algérie, de 1998 à 2005, la valeur s'est améliorée annuellement de 1,4 point, ce rythme de progression n'a été que d'un point sur la période 1985 -1995 Le deuxième chapitre du rapport s'appuie sur le renforcement des mécanismes de création d'emploi en Algérie pour consolider le développement humain durable. Le rythme de créations d'emploi enregistré est de +6.6% en moyenne par an, le taux de chômage 12,4% en 2006. Selon ce rapport, les résultats obtenus dans la lutte contre la pauvreté proviennent de la baisse du taux de chômage, qui est réduit de presque de moitié (15,3% en 2005 au lieu de 29,5% en 2000). Ces résultats sont enregistrés grâce à l'importance des transferts sociaux qui s'élèvent à plus de 770 milliards de dinars, soit 50% de la fiscalité pétrolière et 12,6% du PIB. A propos de la pression démographique sur l'emploi et le chômage, le rythme de créations d'emploi enregistré est de plus 6,6%, en moyenne par an, correspondant à la création de plus de 1,8 million d'emplois nouveaux. Cette performance a permis de satisfaire toute la demande nouvelle de travail, estimée à 924 000 personnes depuis 2000, mais encore de réduire sensiblement, le nombre de chômeurs de près de 900.000 personnes et le taux de chômage de 12 points de pourcentage. Ce dernier a atteint 12,4% en 2006 au lieu de 15,3 en 2005, selon le cnes. Le secteur privé qui a, quant à lui, une part encore faible (24,3% des PMI), offre 28,2% d'emplois salariés. Toutefois, sa contribution à la valeur ajoutée (53,3%) domine celle du public, estime le cnes. La population active féminine, qui s'élève à 1,42 million de personnes, semble, selon le document, sous-estimée en milieu rural. Les femmes occupées sont des salariées permanentes dans une proportion de 51%, alors que les occupés de sexe masculin n'appartiennent à cette catégorie que dans 38,2% des cas. Cette proportion, précise le document, est largement plus élevée en milieu urbain (57,9% contre 33,1% en milieu rural) qui regroupe plus de 82%. Les femmes occupées ont un niveau d'instruction supérieur et largement plus élevé que celui des hommes avec, respectivement, 25,7% et 8,1%. La proportion de femmes qui a un niveau secondaire (29,6%) est également supérieure à celle des hommes (25,7%). S'agissant de l'indice du développement humain (IDH), le rapport précise que cette valeur, de 1998 à 2005, s'est améliorée annuellement de 1,4 point, soulignant que ce rythme de progression n'a été que de 1 point sur la période 1985-1995. Le taux de croissance est remonté, pour sa part, à 1,69 % en 2005, alors qu'il atteignait 1,43% en 2000 et plus de 2% en 1995, souligne le cnes qui précise que l'indice de longévité de vie à la naissance a gagné, entre 1995 et 2005, environ 1,6 point traduisant une longévité de plus de 7 ans. Concernant la population âgée de 60 ans et plus, elle est passée de 1,7 million en 1995 à près de 2,4 millions en 2005, soit une augmentation en moyenne annuelle de 3,5%. Ce rapport a insisté sur le développement humain. C'est le rôle du Commissariat général à la planification et à la prospective, institué en septembre 2006. En effet, le Commissariat a pour mission d'analyser la cohérence de l'ensemble des politiques de développement en Algérie en matière économique, sociale et spatiale et d'en évaluer l'efficacité, d'organiser, dans une démarche multidisciplinaire, une réflexion prospective sur les facteurs susceptibles d'affecter la révolution sociale, économique et spatiale à long terme de la nation, d'organiser la mise en place et le développement des activités de veille stratégique, d'élaborer des notes de conjoncture pour le suivi de l'évolution économique et sociale, d'élaborer et de soumettre au gouvernement le rapport annuel sur la situation économique et sociale et d'élaborer les perspectives de développement à moyen et long terme de la nation. La qualité de la formation et la valorisation de la compétence locale sont les principales recommandations du Cnes. Le capital humain doit être entrepris avec soin par l'Etat et l'entreprise. le problème de l'Algérie réside dans le départ massif des gens du savoir selon l'universitaire M Rezuig. Pour empêcher cette hémorragie, il faut consacrer la valorisation des compétences présentes, ici en Algérie, en leur offrant les conditions nécessaires pour qu'elles ne partent pas. Ce sont, d'ailleurs, les recommandations de ce rapport sur le développement. Pour le professeur Rezuig, "la volonté politique est affichée, mais elle n'est pas suffisante". A cet effet, le professeur estime que "cette volonté doit être suivie d'applications rigoureuses". Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Pour illustrer ses propos, l'universitaire cite l'exemple "des entreprises étrangères qui utilisent pour leurs besoins les compétences nationales". Pour cela, il est nécessaire, aux yeux de cet universitaire, que l'Etat s'implique, car son rôle est déterminant. "La Banque mondiale avertit que le marché, seul, ne peut pas tout faire." C'est donc les réformes économiques qui doivent être menées à terme pour "un marché concurrentiel qui met en valeur le capital humain". Sur le même plan, le professeur Rezuig est favorable à "la qualité de la formation et des formateurs qui doivent être améliorés". "Autant il y a eu quantité de formation, autant il est fondamental de s'intéresser à la qualité du capital humain." Dans cet objectif, "il faut développer la relation entre le monde de l'éducation et le monde de l'entreprise".