L'inertie et l'immobilisme de l'Union pour la Méditerranée suscite encor plus d'une question ; cela voudrait-t-il dire que l'UPM était en fait une utopie et/ou une virtualité que l'on voulait imposer comme une nécessité «sine qua non» à un ensemble méditerranée non seulement différent mais en déphasage avec la réalité sociale et économique des pays membres. Cela sans revenir sur les divergences politique l'Union européen et le Sud de la Méditerranée d'une part, entre ses membres Arabes, d'autre part, entre les Arabes et Israël. Ajouter à cela le problème du financement des projets, notamment avec la crise économique mondiale. Dans cette perspective, et lors d'un séminaire organisé à Tunis, et qui a porté sur le « Partenariat Union Européenne / Maghreb : accords d'association, politique de voisinage, perspectives de statut avancé». L'universitaire algérien de l'Institut national des études de stratégie globale (INESG), Lotfi Boumghar a, dans une intervention assez ferme et musclée, suspecté les intentions de l'UE de pratiquer, vis-à-vis de la rive sud de la Méditerranée, une politique «d'endiguement», à la place d'un partenariat «gagnant-gagnan». Selon ses arguments, l'UE cible en priorité l'intégration des pays de l'Est du vieux continent et privilégie les aspects sécuritaires avec le Maghreb au lieu de le percevoir comme une «arrière zone stratégique de l'Europe», renfermant un potentiel de croissance considérable, capable de donner aux deux rives cette grande aire civilisationnelle. Dans la même optique, Jean-Marie Miossec, ancien président de l'Université de Montpellier III, a constaté, que chez les membres de la Commission de Bruxelles, le mépris de la dimension méditerranéenne dans leur vision, comme l'atteste l'enveloppe destinée à la coopération avec cette zone, estimée à la médiocre somme de 8 milliards d'euros, est une preuve de l'absence d'une réelle volonté de la part de l'UE. «Le projet initial d'Union pour la Méditerranée apparaissait donc en rupture avec les anciennes conduites de l'UE. Il proposait l'instauration d'un véritable leadership euro-méditerranéen par une appropriation commune du projet» affirme-t-il. En d'autres termes, tout au long des différentes interventions, un constat d'échec, de scepticisme et de méfiance quant à la réussite de l'UPM a été ressenti par les conférenciers. Face à cette situation d'impasse et d'inaction de l'UPM, le dialogue «5+5», qui est une enceinte de dialogue politique informel, regroupant dix pays riverains du bassin occidental de la Méditerranée : les cinq pays de l'Union du Maghreb arabe (l'Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie, la Tunisie) ainsi que cinq pays de l'Union (l'Espagne, la France, l'Italie, Malte et le Portugal) reprend l'initiative, et revient à la charge pour actionner le partenariat entre les deux rives. En effet, il faut dire que les chances d'aboutissement de ce partenariat son plus élevées que l'UPM compte tenu de son organisation souple et du traitement des dossiers d'une façon graduelle, en commençant par la lutte contre l'émigration clandestine, jusqu'à la coopération militaire. Dans cette vision progressive, et après la récente réunion des ministres des Affaires étrangères à Séville en Espagne, un forum économique regroupant des entreprises et des responsables des dix pays aura lieu en juillet 2009 à Milan. Cette manifestation, surviendra pour propulser le partenariat entre les deux rives. Pour rappel, le dialogue « 5+5 » est une idée qui avait été lancée dans les années 1980. Une première réunion s'est tenue à Rome en 1990. Une autre en 1991 ; ensuite il y a eu une interruption et le processus a repris en 2001 à Lisbonne. Et depuis, des rencontres régulières se tiennent à la fois au niveau des ministres des Affaires étrangères également sous d'autres formats, puisqu'il y a des rencontres des ministres de l'Intérieur et de la défense. C'est une enceinte de dialogue assez informelle sur toutes les questions politiques. Hamid Si Salem