Les pays de l'Est, intégrés les premiers à l'Union européenne (UE), ne sont plus une destination de choix pour y délocaliser des unités de production industrielle ou des activités de services. Et cela, au profit de certains pays du Maghreb (Tunisie et Maroc) et du Moyen, Orient (Egypte et Jordanie), qui prennent la relève. Par ailleurs, les experts du cabinet de conseil en stratégie AT Kearney utilisent 43 critères pour mesurer la capacité des pays à attirer les délocalisations. Ces critères sont regroupés en trois catégories. Attractivité financière (40 % de la note globale) Cela comprend le niveau des rémunérations (plus il est faible, meilleure est la note), le coût des infrastructures (loyers, électricité, télécommunications internationales, transports aériens, etc..), la fiscalité et la réglementation. Qualité et disponibilité de la main-d'œuvre (30 % de la note). Sont pris en compte le niveau d'éducation, la population diplômée disponible, etc. Environnement des affaires (30 % de la note). Il s'agit ici de juger de la qualité des infrastructures, du respect de la propriété intellectuelle, etc. D'autre part, les premiers éléments du Rapport annuel de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) sur les investissements directs étrangers (IDE), publié mercredi 20 mai, confirment cette perte d'attractivité des pays de l'Est. Les IDE ont chuté de 28 % en Pologne en 2008, soit légèrement plus que la moyenne des pays développés (- 25,3 %). Et si les flux sont encore positifs en République tchèque (+ 2,6 %) et en Hongrie (+ 7,7 %), cela pourrait ne pas durer. Pour l'instant, la Roumanie et la Bulgarie, dont l'adhésion à l'UE ne date que du 1er janvier 2007, restent encore des destinations séduisantes. En 2008, les IDE ont augmenté de 34,1 % en Roumanie. La République tchèque ne figure plus qu'à la 32e place du classement 2009 des pays où il est le plus intéressant de délocaliser des activités de services publié par A T Kearney. Ce pays était classé au 4e rang en 2004. La Slovaquie, la Pologne et la Hongrie ont également chuté. A l'inverse, l'Egypte est passée en deux ans de la 13e à la 6e place et la Tunisie du 26e au 17e rang. L'écart entre les coûts de production et de main-d'oeuvre des pays de l'Est et ceux des pays développés s'est amoindri. “Surtout pour les pays proches de l'Europe de l'Ouest, comme la Hongrie et la Pologne. Le renchérissement a été moindre en Estonie et en Lettonie. Mais ces pays n'ont pas un réservoir de main-d'oeuvre qualifiée suffisant”, explique M. Jorek. La qualité et la disponibilité de la main-d'oeuvre égyptienne sont par contre mieux notées par A T Kearney que celles de la Hongrie, de la Slovaquie ou de l'Estonie. Or ces critères deviendront prépondérants, estime M. Jorek. Il est ainsi convaincu que la crise ne ralentira que temporairement le mouvement de délocalisation. Si des entreprises aidées par les gouvernements, comme Renault en France, renoncent actuellement à ce type de projet, elles y reviendront plus tard. D'autant que les difficultés actuelles contraignent également les entreprises à modifier leur organisation pour serrer encore davantage leurs coûts. Les banques, en particulier, furent les premières entreprises de services à délocaliser une partie de leur activité - services informatiques et centres d'appels, par exemple. Des activités aujourd'hui réalisées pour beaucoup moins cher en Inde, par du personnel anglophone, pour les firmes américaines et pour beaucoup moins cher au Maghreb, par du personnel francophone, pour les firmes françaises. Nassim I