En Europe, la recherche, par les entreprises, de coûts de production les plus bas possibles est à l'origine, surtout depuis l'entrée des pays d'Europe centrale et orientale dans l'Union, de délocalisations.En matière d'implantations de services par exemple, les pays de l'Est intégrés depuis 2004 à l'Union européenne (UE) pâlissent de la concurrence des pays MED (Maghreb et Machreck). L'étude publiée en mai 2009 par A. T. Kearney sur les "changements géographiques des délocalisations" montre que le différentiel de coût de main-d'œuvre joue à présent en faveur des pays MED, les pays de l'Est devenant progressivement plus chers et moins attractifs. Après les pays asiatiques, qui figurent aux 5 premières places du classement (Inde, Chine, Malaisie, Thaïlande, Indonésie), viennent en effet l'Egypte 6e (13e en 2007), la Jordanie 9e (14e en 2007), la Tunisie 17e (26e en 2007), le Maroc 30e (36e en 2007) et la Turquie 44e (49e en 2007). A l'inverse, la République tchèque ne figure plus qu'à la 32e place du classement (4e rang en 2004 et 16e en 2007) et la Slovaquie, la Pologne et la Hongrie ont également régressé. Le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord émergent en tant que région offshoring principale en raison de sa grande proximité de l'Europe et de sa population instruite. Beaucoup (surtout les politiques, les professeurs et les milieux non industriels) pensent que les emplois qualifiés ne sont pas encore menacés par la concurrence des pays Low Cost du fait du retard de ces pays gardant de faible taux de scolarisation dans les études supérieures. Ce qui s'avère inexact. Par exemple, l'Inde forme un grand nombre d'ingénieurs ainsi que la Chine. De plus en plus de centres de recherche et développement se localisent en Inde et en Europe centrale (ex : Valéo, Schneider Electric à Pisek en République Tchèque, Faurecia en Inde,...). Il est à noter que dans les pays du Maghreb, les opérateurs de production sont de bac +2 alors qu'en Europe les opérateurs de production sont en général des personnes n'ayant même pas de CAP. Ce qui accentue l'intérêt des industriels pour délocaliser : trouver une main-d'œuvre moins cher et plus qualifiée. Les délocalisations de certaines étapes du processus de production permettent de stimuler la compétitivité des entreprises résidentes, ce qui est source de croissance et d'emploi. Selon ATK, ce gain de compétitivité permettrait un gain de croissance d'environ 0,3% du PIB aux Etats-Unis. Mais cette source de productivité est souvent anéantie par des temps de travail moins élevés en France (35 heures/semaine, et 5 semaines de congés payés) que dans les pays Low Cost (45 heures/semaine, 3 semaines de congés payés). De plus un salarié qui va toucher 1500 euros net en France va coûter 2 100 € à l'employeur (charges comprises). En allant en Roumanie, le salarié ne coûtera que 400 euros à l'employeur pour le même travail. Le rapport ATK estime, également, que la population des pays riches mis en concurrence avec les travailleurs de pays pauvres est de l'ordre de 2 ou 3% seulement. Ce chiffre peut être rapproché d'une étude de l'INSEE : sur la période 1995-2001 "ce sont 13 500 emplois industriels qui auraient été "délocalisés" en moyenne chaque année, soit 0,35% du total de l'emploi industriel. Un peu plus de la moitié des emplois délocalisés l'auraient été à destination des pays développés, notamment des pays limitrophes de la France et des Etats-Unis." Il faut toutefois remarquer que les secteurs d'activités concernés par les délocalisations sont de plus en plus nombreux comme l'atteste celle récente de certains services. La délocalisation des services est liée à la disponibilité d'importantes infrastructures de communication, conséquence du développement des télécommunications et d'Internet à la fin des années 1990. Suite à l'informatisation de nombreux services, il a été possible de déplacer le lieu de production des services vers des pays à bas salaires sans que cela n'affecte le client. L'Inde est la première bénéficiaire de cette tendance car elle dispose d'une importante main-d'œuvre qualifiée et anglophone. Des services d'assistance technique sont par exemples fournis aux clients américains sans que ceux-ci ne connaissent la nationalité de leur interlocuteur. Le développement de l'industrie informatique en Inde, dans la ville de Bangalore par exemple, a été accéléré par l'implantation des grandes entreprises américaines. En France, des sociétés telles que Axa ou la Société générale ont délocalisé leur comptabilité en Inde, British Airways et Swissair leurs activités de réservation… L'industrie automobile, l'électroménager, la téléphonie, les entreprises de sous-traitances (injection plastique, assemblage,...) sont également très touchées par les délocalisations. La politique achat de certains grands donneurs d'ordres obligent leurs sous-traitants à les accompagner dans leur implantation en pays Low Cost (pays à bas coût de main-d'œuvre : pays de l'Europe de l'Est, Afrique du Nord, Inde, Chine, Mexique...). Lotfi C.