Un sommet euroméditerranéen sur l'investissement réunira, les 13 et 14 janvier 2005, à Marseille, opérateurs du nord et du sud de la Méditerranée. Ce premier sommet répond, selon les organisateurs, à plusieurs besoins, dont la création d'un rendez-vous “majeur et régulier” pour les entreprises porteuses de projets intéressés par les perspectives du sud de la méditerranée et la valorisation de la coopération économique, industrielle et institutionnelle engagée entre les deux rives de la méditerranée. “Si l'on exclut certains secteurs particuliers comme le tourisme, l'énergie, le textile…, le sud de la méditerranée est un peu terra incognito des investisseurs mondiaux”, souligne l'économiste conférences, principal organisateur de l'événement. L'économiste conférences avance quatre raisons qui justifient, à elles seules, la tenue de cet important événement. La première, l'année 2005, marque le dixième anniversaire du processus de Barcelone, qui associe l'UE aux pays du sud de la Méditerranée et du Proche-Orient (pays dits Meda) : Algérie, Autorité palestinienne, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie, Turquie. Alors que la population de l'UE vieillit, celle des pays de la rive sud est jeune, majoritairement éduquée et attirée par les produits de consommation des pays européens. Les projections démographiques indiquent pour Meda une population de 320 millions d'habitants en 2025 (contre 240 aujourd'hui). Chaque point de croissance de la région Meda se traduit par une demande accrue pour les biens et services européens. Une étude du Cercle des économistes (fin 2003) montre que si l'UE et Meda bénéficiaient du même type d'intégration que l'ensemble Chine-Japon (une intégration pourtant limitée), la croissance gagnerait 0,75 % en Europe et 0,60 % dans Meda. La deuxième, la déclaration de Barcelone, adoptée en novembre 1995, prévoit, à l'horizon 2010, l'instauration d'une vaste zone de libre-échange entre l'Union européenne et Meda. Ce nouvel espace économique constituera le premier ensemble économique de la planète (soit, en 2003, 720 millions d'habitants et un PNB représentant huit fois celui de la Chine). C'est une réalité que les entreprises et les investisseurs ne peuvent ignorer. La troisième, les pays Meda ont accompli pendant la dernière décennie une mutation qui reste souvent méconnue. Depuis dix ans, tous les pays de la région ont mis en place des politiques qui, à des degrés divers, contribuent à la mise en place d'une économie plus ouverte et plus dynamique. Des progrès restent certes à accomplir dans la construction d'Etats de droit favorables aux entrepreneurs, avec des procédures transparentes et efficaces de recouvrement des créances ou d'arbitrage. La quatrième raison et la dernière, le nord et le sud de la Méditerranée se complètent sur bien des plans. Dans le domaine économique, les principales synergies à attendre concernent les coopérations industrielles, évidentes par exemple dans le textile (où l'UE produit du tissu avec lequel Meda confectionne des vêtements), dans l'automobile (marques UE produisant pour la région, en Turquie ou au Maroc, ou sous-traitant en Tunisie, etc.), dans les TIC (prestataires installés sur les deux rives pour développer des logiciels ou centres de services partagés), etc. Les vocations respectives à produire certains biens, malgré d'inévitables concurrences : par exemple, dans le domaine de l'agriculture, où Meda pourrait compléter les céréales et viandes produites en Europe par des fruits, légumes ou poissons ; le besoin annoncé de main-d'œuvre en Europe, très net après 2010, alors que Meda restera durablement excédentaire en force de travail ; les surplus d'épargne européen (de l'ordre de 30 milliards d'euros par an), qui pourraient être placés dans Meda, où les carences d'investissement sont grandes. Parmi les participants, on annonce M. Mourad Medelci, conseiller auprès du président de la République, Cherif Rahmani, ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire, Omar Ramdane, président du Forum des chefs d'entreprise (FCE) et Ali Aoun, président-directeur général de Saïdal. M. R.