Paradoxalement à ce discours nationaliste, Djillali Denouni a plaidé pour la libéralisation des prix du ciment pour réguler la crise qui a touché à ce produit au cours des derniers mois. Récusant le qualificatif de "mafia du ciment" qui désigne généralement les spéculateurs, le président de l'UGEA a renvoyé les causes de cette crise à 3 facteurs. Pour lui cette hausse s'explique par "l'augmentation de la demande depuis le mois de février suite à la reprise des chantiers à la fin de la période hivernal", "l'arrêt de certaines cimenteries pour maintenance, ce qui fait que la distribution était un petit peu perturbée" et enfin, par les prix "très bas" pratiqués par les cimenteries publiques qui sont de l'ordre de 230 DA le sac de 50 kg , tandis que les cimenteries privées pratique un prix de 320 DA. Pour lui, c'est cette différence de 40% qui encourage la spéculation "avec la différence au niveau des prix de vente pratiqués par le secteur public et le secteur privé, la spéculation va sur les 40% de marge". Ce qui explique le paradoxe de la crise "d'un côté, il existe des quantités énormes de ciment sur le marché parallèle et de l'autre côté c'est la pénurie avec une forte demande et des chaînes de camions au niveau des cimenteries". Or, observe-t-il, le déséquilibre n'est pas au niveau de l'offre et de la demande. Chiffres à l'appui, l'invité de la Chaîne trois a fait savoir que la demande est de l'ordre de 18 millions de tonnes/an et la production nationale dépasse légèrement ce chiffre, "Le secteur public produit environ 11,5 millions de tonnes par an et le reste est produit par le secteur privé dont 5,5 millions de tonnes sont détenus par la cimenterie Orascom". Pour résoudre cette crise, le président de l'UGEA a expliqué que les dispositifs de régulation ne peuvent y remédier "Le dispositif de lutte contre la spéculation mis en œuvre en 2008 n'a pas vu le jour, hormis les quelques actions engagées çà et là le dispositif n'a pas donné de résultats concrets, la preuve que le marché reste toujours sous tension". Pour lui, cette crise est économique, elle ne peut être réglée que par des mécanismes économiques c'est-à-dire par la libéralisation des prix et l'alignement des prix du secteur public sur ceux du secteur privé "La régulation passe par la liberté des prix entre le secteur public et le secteur privé. Tant que le prix du ciment produit par le secteur public est de 230 DA la tension persistera, et cela bloquera toute opération de ciment". Contrairement à son discours nationaliste pour la promotion des entreprises locales du BTP, Abdelmadjid Denouni a également demandé implicitement cet alignement dans le sillage d'encourager l'importation de ce produit. "Avec la différence des prix entre le marché national et le marché international, aucun opérateur sérieux ne tentera l'aventure pour importer ce produit. Les quelques tentatives qui ont été faites de par le passé avaient été vouées à l'échec". Mebarek B.