La tension sur le marché du ciment était au centre d'un débat animé, avant-hier, à la Chaîne III de la Radio nationale. Le président de la fédération centre de l'Union nationale des entrepreneurs algériens, un représentant du patronat et d'autres spécialistes en la matière, sont d'ailleurs intervenus lors de ce débat. Le représentant de l'Union nationale des entrepreneurs algériens a estimé qu'il y a une forte pression au niveau du marché du ciment, par rapport à l'acquisition et le coût de l'approvisionnement de ce martiau. Il a rappelé qu'à un moment donné les entreprises publiques fonctionnaient convenablement mais il existait des pénuries et à chaque fois, le marché était régulé. Mais ces dernières années, le marché a connu une fluctuation importante au niveau des prix, alors que huit cimenteries publiques sont en activité, en plus des usines en rénovation. Le prix du ciment sorti d'usine des cimenteries publiques est de 230 DA le sac de 50 kg, mais il se vend sur le marché à 500 DA, voire 600 DA. Ainsi, la spéculation et la tension sur le marché ne reflètent pas la situation de la production nationale qui est à 16 millions de tonnes. En 2009, il y a une forte demande qui avoisine les 18 millions de tonnes, ce qui explique un déficit de l'ordre de 2 millions de tonnes sur le marché. Mais cela n'explique pas la spéculation sur les prix. Les intervenants estiment qu'avec l'apport du ciment importé, les prix ne doivent en aucun cas doubler chez les détaillants. Ils doivent atteindre au maximum les 350 DA. Un représentant du patronat estime que le déficit de 2 millions de tonnes est un excellent moyen pour créer une nouvelle spéculation, cette quantité représente 10% de la production. En plus, il a précisé que l'arrêt technique de deux ou trois unités de production a réduit le volume de production. Il faut savoir que la maintenance des cimenteries est l'un des métiers de base, affirme un consultant en économie industrielle, parce qu'il y a énormément de poussière qu'il faut nettoyer au niveau des moteurs par exemple. La maintenance préventive fait partie aujourd'hui du métier, elle doit être préparée et organisée, qu'elle soit mensuelle ou annuelle. Un autre spécialiste explique qu'il suffit de respecter la production, il faut maintenir le taux de production prévu par toutes les usines, même s'il y a un arrêt de quelques usines, il faut compenser la production pour équilibrer l'offre et la demande. Car, selon lui, les usines ne tournent pas à leur forte capacité. Aligner les prix du secteur privé sur ceux du public et donner aux cimenteries la liberté de fixer leurs prix est, selon le président de l'UGEA, la seule solution qui puisse préserver l'outil de production nationale. Le président de l'Union générale des entrepreneurs algériens (UGEA), Abdelmadjid Denouni, appelle l'Etat à prendre une décision politique claire pour mettre fin aux tensions qui existent actuellement sur le ciment. "Il faut mettre en place un mécanisme économique qui visera à aligner les prix du secteur privé sur ceux du public et donner aux cimenteries la liberté de fixer leurs prix", estime-t-il. Selon le président de l'UGEA, c'est la seule solution qui puisse préserver l'outil de production nationale. M. Denouni refuse de parler de mafia du ciment. Il expliquera que la pénurie existe dans le marché légal au moment où le ciment est largement présent sur le marché parallèle pour 550 et jusqu'à 650 DA. L'explication est toute simple : "Les entreprises s'approvisionnent auprès du secteur public parce que le prix du sachet de ciment de 50kg coûte moins cher, c'est-à-dire 230 DA au moment où le privé le vend à 320 DA", indique-t-il. Une différence de 40% crée cette tension sur le secteur public. A cela s'ajoutent d'autres facteurs dont l'arrêt de certaines cimenteries pour des travaux de maintenance et la reprise des travaux dans les chantiers suite à l'arrêt opéré durant la saison hivernale. Pour le président de l'Union générale des entrepreneurs algériens, "tant que le prix du sachet de ciment est cédé chez le public à 230 DA, la tension persistera et toute opération d'importation sera bloquée du fait que le prix du ciment à l'international est plus cher". Nassima Bensalem